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E) Miscellanées franco-russes

Yves Kinossian
1 novembre 2018

Les Russes sur la Côte d’Azur pendant la Grande Guerre

Avant la Première Guerre mondiale, la présence russe sur la Côte d’Azur – l’expression s’impose à la fin du XIXe siècle – s’appuie sur deux ressorts : d’une part la diplomatie, sa déclinaison militaire et le commerce, d’autre part le loisir.

À l’épreuve de la Grande Guerre, les Russes de la Côte d’Azur manifestent patriotisme et générosité, traduisant l’alliance diplomatique et militaire avec la France et l’Angleterre. La révolution russe modifie l’ampleur de l’engagement sans transformer la solidarité ni la compassion.

Une présence inscrite dans le temps

Diplomatie, armée et commerce

Pour le territoire allant de Menton à Nice, les échanges entre le royaume de Piémont-Sardaigne et l’Empire de Russie sont confortés dès la fin du XVIIIe siècle par des relations diplomatiques et des collaborations militaires. En 1770, l’escadre russe, mobilisée contre la Turquie, fait relâche en rade de Villefranche. En 1783, Catherine II crée un consulat russe pour Nice et Villefranche. Deux ans avant l’annexion du circondario de Nice à l’Empire français (traité de Turin du 30 mars 1860), une nouvelle étape est franchie. La flotte russe mouille en rade de Villefranche, après que l’empire des tsars, défait à l’issue de la guerre de Crimée, a perdu son influence en Méditerranée (traité de Paris du 30 mars 1856). Trente-cinq ans plus tard, l’escadre russe visite la rade de Toulon. Tant en 1858 qu’en 1893, les presses sarde et française s’enthousiasment dans l’accueil des Russes (1).

Les Russes ne sont pas implantés qu’à Nice. Avec cent cinquante-trois d’entre eux vivant à Cannes en 1906, la ville jouit plus tardivement d’un vice-consulat russe (2).

Au-delà des enjeux diplomatiques et militaires, l’intérêt économique n’est guère éloigné. Dès le début du XIXe siècle, des commerçants russes se rendent régulièrement dans la région niçoise. L’importation du blé d’Odessa à Nice par voie maritime est particulièrement soutenue (3). Lorsqu’en 1868, on imagine l’implantation d’un port russe à Villefranche, la presse locale souligne la portée économique du projet.

Le loisir : les hivernants

Dès la fin du XVIIIe siècle, la Côte d’Azur, comme toute la région du sud de l’Europe s’étendant de la Crimée à Madère, attire la noblesse russe. On connaît aussi le goût des Anglais, des Allemands, des Autrichiens, des Belges pour cette région. « L’hiver dans le Midi » (Marc Boyer) désigne cette mode en France (4). En 1894-1895, les Russes représentent 9 % des hivernants à Nice même ; ils sont moins nombreux que les Français, les Britanniques, les Nord-Américains et les Allemands, mais dépassent les Italiens, les Austro-Hongrois ou les Belges (5).
À Cannes, les Russes s’installent dans des villas avec parcs. Le couple Tripet-Skrypitzine – lui est consul de France à Moscou, elle, fille du conseiller privé du tsar – fait bâtir une villa en 1849 à Cannes, dans la partie est de la ville (les Anglais sont implantés à l’ouest). Vingt ans plus tard, la ville compte soixante-douze familles russes (6). Prosper Mérimée est séduit par cette communauté brillante, accueillant des intellectuels et donnant des fêtes somptueuses (7).

À Beaulieu-sur-Mer, le quartier de la Petite Afrique voit s’établir une forte colonie d’aristocrates russes. Les princesses Galitzine, Dolgorowski et Youriewski en sont. Tolstoï, Gorki, Tchekhov rendent visite à Maxime Kovalewski, universitaire moscovite, propriétaire de la villa Batava (8).

À Menton, les hivernants russes séjournent dans les collines au nord de la gare, en direction de Gorbio (9).

La communauté russe est cimentée par le culte. À Nice, l’église russe de la rue de Longchamp est construite en 1857-1858 et consacrée en janvier 1860. Plus tard est édifiée la cathédrale Saint-Nicolas, située boulevard du Tsarévitch (10). À Cannes, d’une chapelle privée fondée en 1886 par les Tripet-Skrypitzine, la communauté russe passe à une église orthodoxe inaugurée en décembre 1894. C’est un lieu de culte, mais aussi de sociabilité pour la communauté (11).

La communauté russe, notamment les membres de la famille impériale, se distingue enfin par sa charité, lui conférant une popularité exceptionnelle au début du XXe siècle (12).

La communauté russe de la Côte d’Azur à l’épreuve de la guerre

Patriotisme et générosité caractérisent l’attitude de la communauté russe entre 1914 et 1917. L’Empire de Russie est engagé avec l’Angleterre et la France (Triple-Entente) contre les Empires centraux.

Générosité et engagement personnel

Les faveurs des Russes de la Côte d’Azur sont destinées aux soldats alliés (français, serbes notamment), mais aussi aux soldats russes soignés en France et plus encore sur la Côte d’Azur.

Des dispositions individuelles, d’autres collectives, se font jour.

La presse se fait volontiers l’écho des bienveillances individuelles des Russes de Cannes pour les hôpitaux temporaires de la ville.

À la fin du mois de janvier 1915, un hôte russe de Cannes remet à la mairie soixante-dix costumes pour les blessés de l’hôpital Carlton (13). L’hôpital auxiliaire n° 203 (hôtel Continental), présidé par madame Jammes, épouse du vice-consul de Russie à Cannes, est géré par le Comité cannois des dames françaises, filiale de la Croix-Rouge française. Les Russes de Cannes le choient particulièrement. Pour le financer, une fête champêtre a lieu en mai 1915 dans la propriété du Golf-Club mise à disposition par le grand-duc Michel de Russie (14).

À l’égal des propriétaires cannois d’origine française, anglaise ou canadienne, les Russes répondent à la demande de don de lits pour les hôpitaux temporaires. En janvier 1915, la princesse Lobanoff-Rostowski finance un des quarante lits de l’hôpital Continental (15). En mars 1915, Élisabeth Terestchenko offre mille deux cents francs représentant vingt lits par mois. Elle s’engage à verser des subsides récurrents (16).

Le patriotisme et la compassion pour les soldats blessés ou malades suscitent une floraison de matinées musicales et de concerts.

Les manifestations de générosité traduisent un patriotisme partagé ; les élites, de quelque nationalité qu’elles soient, se retrouvent dans ces pratiques. Au début du mois de juin 1915, une matinée de bienfaisance est donnée à Cannes pour les blessés convalescents. Après un déjeuner dans le jardin de l’hôtel Continental, un vaudeville est joué par des convalescents. Dans l’assistance, on note la présence de la princesse Lobanoff-Rostowski, de Lady Waterlow, du colonel et de madame Casalis de Pury, de miss Paget, du vice-consul de Russie… (17).

Le 2 février 1916, un concert de bienfaisance donné à Nice au profit des trois hôpitaux de la Croix-Rouge réunit l’élite de la société niçoise et des colonies étrangères. Outre les autorités civiles et militaires, on remarque dans l’assistance la princesse Ourousoff, la princesse Karageorgevitch, le prince Braham de Perse, le prince Troubetzkoi, le consul d’Angleterre à Nice. Lors de ces cérémonies, les hymnes alliés, dont l’hymne russe, sont joués ou chantés (18).

La proximité entre élites alliées n’est pas limitée aux œuvres de guerre. Aux obsèques de la générale de Hackman au cimetière russe de Caucade, à Nice, le 9 février 1916, on observe dans l’assistance l’archiprêtre Lubimoff, la princesse Ourousoff, le comte Rohozinski, des infirmières et des officiers en traitement à l’hôpital russe de Nice – sur lequel on reviendra –, mais aussi le comte Gautier-Vignal, la comtesse Garin de Cocconato (19).

Soliste de l’Empereur de Russie, la cantatrice Félia Litvinne, née à Saint-Pétersbourg en août 1863, multiplie les matinées musicales au bénéfice des militaires hospitalisés (20). Le 4 novembre 1914, elle donne un concert d’hymnes et chants patriotiques à Monaco devant cinquante blessés des hôpitaux de Monaco et de Beausoleil (21). Le lendemain, elle chante au Cercle russe à Nice ; ses concerts produisent plus de trois mille francs pour les hôpitaux et les réfugiés (22). Félia Litvinne donne un nouveau récital au théâtre de Monte Carlo le 8 novembre 1914. Elle entonne des chants patriotiques chaleureusement applaudis. À l’issue de la représentation, accompagnée du sergent Durif, amputé du bras droit (23), elle conduit une quête. Le 22 mai 1915, la cantatrice donne un concert à l’hôpital complémentaire n° 17 (hôtel impérial) de Nice, qui remporte un succès considérable (24). Elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur par décret présidentiel du 15 septembre 1927 (25). 

Les formations sanitaires russes à Cannes, Nice et Menton

Au-delà de la générosité et de la compassion, les Russes de la Côte d’Azur manifestent dans les Alpes-Maritimes leur solidarité avec l’allié français par l’administration d’un hôpital dit bénévole à Nice, l’affectation d’une maison pour soldats tuberculeux à Menton, l’ouverture d’une maison pour convalescents militaires à Cannes.

À Cannes, la villa Wenden est située dans le quartier de la Californie. Elle est en activité au moins de janvier 1915 à août 1916 (26). Elle compte quarante lits.

La villa appartient à la grande duchesse Anastasie Mikhaïlovna, fille du grand-duc Michel Nikolaïevitch et cousine du tsar. Elle répudie son titre de grande-duchesse de Mecklembourg-Schwerin pour protester contre l’entrée en guerre de l’Allemagne (27). La villa accueille des militaires russes.

Pour le soin des militaires tuberculeux et des aveugles, deux stations sanitaires sont fondées : le chalet des Rosiers et la maison russe.

Le chalet des Rosiers est, depuis 1896, propriété du comte Anatole Orloff-Davidoff, grand écuyer de l’empereur de Russie. Le bien est situé au quartier Figaréas, à Menton-Garavan. C’est une maison à deux étages avec jardin d’agrément et terrain arboré (28).

Mis à la disposition de l’ambassadeur russe en France par le propriétaire pour être affecté aux blessés militaires en octobre 1914, le chalet l’est finalement à une œuvre de rééducation pour les aveugles de la guerre (et souvent tuberculeux) en septembre 1916. La Croix-Rouge y installe une cinquantaine de lits, sous le contrôle du ministère de l’Intérieur (29).

Ouvert en janvier 1917, le chalet ferme le 31 décembre 1919. De mars 1917 à avril 1919, la majorité des deux cent dix-sept militaires aveugles qui y sont accueillis vient de Paris. Huit décès sont attestés (30). À la fermeture du chalet, les militaires sont évacués sur la maison russe (31).

La station sanitaire de la maison russe est située au quartier Carnolès, dans la vallée de Gorbio. Elle ouvre en juillet 1916. La maison russe connaît quatre-vingt-seize décès entre 1916 et 1923 (32).

Déjà, avant-guerre, la maison russe de Menton accueille des tuberculeux (33). En 1914, l’établissement est mis à la disposition de l’État français. Malgré les craintes d’épidémie de la ville de Menton, le service de santé fait remettre en état le bâtiment pour y accueillir des militaires tuberculeux (34). La station sanitaire ferme en 1923 (35).

À Nice, le comité franco-russe pour l’assistance aux victimes de la guerre, présidé par le comte Michel Rohozinski – il est hivernant depuis 1888 et résident permanent depuis 1914 –, se transforme en hôpital russe pour les blessés militaires le 12 septembre 1914. Rapidement, l’hôpital est reconnu par le directeur du service de santé de la XVe région. L’hôpital est placé sous la présidence d’honneur de la princesse Catherine Youriewski. Un comité directeur se constitue en association loi 1901.

À Nice, la villa de Hohenlohe est séquestrée en octobre 1914 (36). Située au 73, promenade des Anglais, elle comporte deux étages, est dotée d’un grand jardin et d’une maison de concierge. Elle est attribuée au comité directeur de l’hôpital russe pour les blessés militaires, afin de former l’hôpital bénévole n° 139bis à Nice, alias hôpital russe.

L’hôpital compte entre vingt et vingt-quatre lits. Il est destiné au soin des officiers. Il accueille ses premiers blessés le 14 décembre 1914 ; les derniers le quittent le 30 avril 1919. Fermé au cours de l’été 1917 en raison de la canicule, l’hôpital est réouvert le 4 novembre 1917 (37)

L’hôpital est inauguré le 1er décembre 1914 en présence du clergé russe, des autorités civiles et militaires et de la communauté russe de Nice (38).

Les salles ou chambres sont nommées de vocables prestigieux ou traduisant les alliances militaires : « salle grand-duc Nicolas », « salle Poincaré », « salle princesse Youriewski », « salle Albert Ier », « salle George V », « salle Joffre » (39). Les maladies ou blessures sont très diverses : fractures, dyspepsie, paludisme, bronchite, intoxication par gaz… En près de cinq ans, ce sont cinq cent douze officiers qui y sont hospitalisés.

Le personnel est mal connu. La princesse Marie Ouroussoff, chef infirmière, est citée à l’envi par la presse (40). Entre 1915 et 1917, on dénombre vingt infirmiers (41). Le docteur Wladimir Walter, né en Russie et naturalisé français en 1914, y exerce de février 1915 à avril 1919 (42).

Outre les subventions, l’hôpital russe compte sur la générosité publique. La presse s’en fait le témoin.

À la fin de janvier 1915, le prince Serge Galitzine, grand veneur de l’Empereur de Russie, en séjour à Nice, souscrit deux lits pour la princesse et lui (43). En février 1915, la société des bains de mer de Monaco fait un don de mille francs (44). En novembre 1917, c’est la princesse Wiazemsky-Markov qui donne à son tour mille francs (45).

L’hôpital est choyé par l’aristocratie russe de Nice. Le 13 décembre 1914, le château de Valrose accueille la matinée de l’hôpital russe de Nice. Une pièce russe est jouée par l’amirale de Solowtzoff, MM. Grigorioff et Michailowitch. Une scène d’Alceste est interprétée par Félia Litvinne et M. Ramoin, de l’Opéra de Nice, avec M. Miranne à la baguette. Enfin Félia Litvinne entonne les hymnes alliés (46). Concerts et cérémonies se multiplient à l’hôpital pour la collecte de fonds, notamment à l’occasion du Nouvel An russe : ainsi ce thé-concert en janvier 1915, ou cette matinée de bienfaisance, un an plus tard, au cours de laquelle une coupe de champagne s’adjuge cinq cents francs, ou encore cette fête en janvier 1917 (47).

Après la révolution russe, une controverse agite l’hôpital. Des tensions naissent, au printemps 1918, entre administrateurs. Une enquête de police est discrètement menée. Elle révèle en mai 1918 que les Russes ne versent plus de contribution ; ils commettent aussi des détournements : ainsi une partie des dons et subventions fait-elle fonctionner les soupes populaires à l’intention des Russes ruinés par la perte de leurs biens en octobre 1917. Finalement, le 19 juin 1919, le comité de l’hôpital russe procède à la dissolution de l’œuvre (48).

Les soldats russes sur le front et sur la Côte d’Azur

Les soldats russes font l’objet de l’attention de la communauté russe de la Côte d’Azur.

En février 1915, l’impératrice remercie la colonie russe de Nice de l’envoi de mille deux cents francs pour les blessés russes (49). En avril 1915, le tsar adresse un télégramme de remerciement à la princesse Youriewski pour le don de quatre mille roubles collectés lors d’un gala qu’elle a présidé le 3 avril 1915, à la Jetée-Promenade, au profit des blessés russes (50).

Le 22 avril 1916, le premier contingent de soldats russes venant de Marseille passe à Lyon pour gagner le front de l’Est (51). Des officiers russes visitent Nice et sont reçus à l’Eldorado en mai 1916 (52).

À Cannes, un tournoi de tennis est organisé du 10 au 14 avril 1916 au Lawn Tennis et au Croquet Club pour les blessés de l’hôpital de l’hôtel Continental et les soldats russes prisonniers en Allemagne. Les plus grands noms du tennis international s’y côtoient (53).

En décembre 1916, les communes françaises sont invitées par l’État à concourir au financement d’hôpitaux pour les soldats russes. La ville de Menton regrette de ne pouvoir verser de subside au regard de l’état de ses finances (54). La ville de Nice vote un crédit de deux cents francs (55). En février 1917, celle d’Antibes en vote un de cent francs (56).

C’est, semble-t-il, prioritairement à Cannes que des militaires russes sont hospitalisés. Les premiers cas sont attestés à partir de 1916. La première brigade russe arrive au camp de Mailly, dans l’Aube, au printemps 1916. Des militaires russes sont hospitalisés à Cannes, à l’hôpital complémentaire n° 75 (hôtel Bellevue), notamment de novembre 1916 à novembre 1917 (57), à l’hôpital complémentaire n° 76 (hôtel Paradis) ou, bien entendu, à l’hôpital auxiliaire n° 203 (hôtel Continental) (58). À compter de janvier 1917, des militaires russes issus des 4e, 5e, 7e et 8e régiments russes sont hospitalisés en nombre à l’hôpital complémentaire n° 73 de Cannes (hôtel du Parc), en provenance du dépôt d’Hyères, d’hôpitaux de Cannes ou de la villa Wenden à Cannes (59). En février 1917, une opération chirurgicale exceptionnelle est menée à l’ambulance sud-africaine de cette ville. On retire une balle du cœur d’un officier russe blessé sur le front d’Orient. La nouvelle fait le tour de la planète (60).

À Grasse, l’établissement pour convalescents militaires n° 37 (maisons Béranger et Fabre) aurait accueilli environ deux cents soldats russes sur les deux mille trois cent cinquante qu’il a reçus (61).

Des officiers russes sont aussi hospitalisés à Nice : ainsi le 16 mars 1917, l’aumônier principal du 6e régiment d’infanterie russe Serge Sokolowski, amputé de l’avant-bras droit ; le 19 janvier 1918, le colonel Wladimir Narboutt, 2e brigade, 1re division russe (62).  

Conclusion

Tant la générosité que l’investissement des Russes de la Côte d’Azur aux côtés des vainqueurs donnent lieu à reconnaissance. En septembre 1918, le comte Rohozinski et la princesse Ouroussoff sont récipiendaires de la médaille de la reconnaissance française, pour leur engagement à l’hôpital russe de Nice (63).

Au-delà de la coupure des Russes de la Côte d’Azur avec la mère-patrie, la révolution bolchevique engendre une paupérisation. Certains, aux fortunes colossales avant-guerre, sont ruinés. Sur la Côte d’Azur, on voit aussi affluer des compatriotes de condition sociale modeste fuyant la révolution.

La révolution en Russie modifie le rapport aux Russes en France. La suspicion s’introduit. Par arrêté ministériel du 5 juillet 1918, M. Glouskels, résidant 12 rue Cronstadt à Nice et dont la femme exerce comme infirmière dans une formation sanitaire des environs de Nice, est expulsé. Plus spectaculaire est l’expulsion de France de M. Toumanoff, délégué de la Croix-Rouge russe (64).

La trajectoire des Russes de la Côte d’Azur pendant la Grande Guerre donne un double écho. Elle s’illustre par des solidarités étroites et presque évidentes, fondées sur l’alliance des États et le niveau social. Elle se traduit aussi par des tensions provoquées par les nouvelles dispositions diplomatiques et la transformation sociale induite par la révolution d’Octobre 1917.
1.  Igor Delanoë, « Présence et implantation des Russes à Villefranche et Nice à travers les médias francophones niçois (1856-1893) », Cahiers de la Méditerranée, 85 | 2012, pp. 93-101. Sur le rôle stratégique de Villefranche pour la flotte russe, voir aussi Igor Delanoë, « L’implantation de la marine russe à Villefranche en 1858. Un exemple de repositionnement stratégique de la Russie en Méditerranée », Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, 52e année, n° 200, pp. 85-96.

2.  Amine Laggoune, « Les Russes de Cannes (1879-1939) : d’une communauté d’hivernants à une population de réfugiés », Recherches régionales. Alpes-Maritimes et contrées limitrophes, n° 210, 2016, pp. 64-65.

3.  Archives départementales des Alpes-Maritimes (désormais Arch. dép. Alpes-Maritimes), 6 FS (fonds du consulat de commerce et de mer, puis tribunal de commerce, 1815-1860). Par exemple, 6 FS 44, 78, 93, 96, 98, 106, 111 et 145.

4.  Marc Boyer, Les villégiatures du XVIe au XVIIIe siècle. Panorama du tourisme sédentaire, Coll. « Questions de société ». Ed. EMS, 2008, pp. 109-154.

5.  Idem, p. 121.

6.  Amine Laggoune, « Les Russes de Cannes (1879-1939)… », op. cit., pp. 55-96.

7.  Marc Boyer, Les villégiatures…, op. cit., p. 126.

8.  Idem, p. 144.

9.  Idem, p. 151.

10.  Igor Delanoë, « Présence et implantation des Russes… », op. cit., pp. 99-100. Sur la place des églises russes dans les Alpes-Maritimes, voir « La cathédrale Saint-Nicolas. Les églises orthodoxes russes de la Riviera », dans Nice historique, 106e année, n° 342, avril-juin 2003. 

11.  Amine Laggoune, « Les Russes de Cannes… », op. cit., pp. 58, 64 et 67.

12.  Igor Delanoë, « Présence et implantation des Russes… », op. cit., pp. 100-101.

13.  Le Petit Niçois, 21 janvier 1915, p. 4.

14.  Le Petit Niçois, 31 janvier 1916, p. 4.

15.  L’Éclaireur de Nice, 19 janvier 1915, p. 2. 

16. Le Petit Niçois, 7 mars 1915, p. 4 ; Le Petit Niçois, 11 mars 1915, p. 4.

17.  Le Figaro, 6 juin 1915, p. 3.

18.  Le Petit Niçois, 2 février 1916, p. 2 ; 5 février 1916, p. 2.

19.  Le Petit Niçois, 9 février 1916, p. 2 ;10 février 1916, p. 2.

20.  Le Petit Niçois, 1er novembre 1914, p. 3.

21.  Journal de Monaco. Bulletin officiel de la Principauté, 10 novembre 1914, p. 2.

22.  Le Petit Niçois, 7 novembre 1914, p. 3.

23.  Le Petit Niçois, 5 novembre 1914, p. 4 ; 7 novembre 1914, p. 4. Journal de Monaco. Bulletin officiel de la Principauté, 10 novembre 1914, p. 2. 

24.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 10 R 224.

25.  Archives nationales de France, LH/1646/30. http://www.culture.gouv.fr/LH/LH132/PG/FRDAFAN83_OL1646030v001.htm, consulté le 14 janvier 2018.

26.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 2 R 99. 

27.  Le Temps, 6 octobre 1914, p. 2. L’Éclaireur de Nice, 28 janvier 1915, p. 3.

28.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 3 E 91/206.

29.  Le Petit Niçois, 26 octobre 1914, p. 4. L’Éclaireur de Nice, 15 septembre 1916, p. 2.

30.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 2 E 578.

31.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 3 R 15.

32.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 2 E 577-579.

33.  Le Figaro, 5 juin 1914, p. 3.

34.  Le Petit Niçois, 5 janvier 1916, p. 3. Arch. mun. Menton, 1 D 33, fol. 25v.

35.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 3 R 15.

36.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 3 U 1/861 (n° 17). 

37.  L’Éclaireur de Nice, 26 octobre 1917, p. 3.

38.  Jean Hess, Le Mémorial militaire et civique du Sud-est pendant la Grande Guerre, Nice, sd, p. 67.

39.  Ministère des Armées, service des archives médicales et hospitalières des armées (désormais SAMHA), fonds 1914-1918, N 2787.

40.  Le Petit Niçois, 15 janvier 1915, p. 2.

41.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 1 M 709. Parmi elles, Elisabeth Akinioff. Elle est décorée de la médaille de la reconnaissance française par décret du président de la République du 12 avril 1919 : Arch. nat. de France, BB/32/289.

42.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 1 M 708.

43.  L’Éclaireur de Nice, 22 janvier 1915, p. 2 ; 24 janvier 1915, p. 2.

44.  L’Éclaireur de Nice, 11 février 1915, p. 2.

45.  L’Éclaireur de Nice, 13 novembre 1917, p. 3.

46.  Le Petit Niçois, 15 décembre 1914, p. 4.

47.  Le Petit Niçois, 15 janvier 1915, p. 2 ; 5 janvier 1916, p. 3 ; 15 janvier 1917, p. 3. 

48.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 10 R 228.

49.  L’Éclaireur de Nice, 25 février 1915, p. 3.

50.  L’Éclaireur de Nice, 4 avril 1915, p. 3.

51.  Le Petit Niçois, 23 avril 1916, p. 1.

52.  Le Petit Niçois, 8 mai 1916, p. 3.

53.  Le Petit Niçois, 11 avril 1916, p. 2 ; 16 avril 1916, p. 4.

54.  Arch. mun. Menton, 1 D 33, fol. 62, 78v.

55.  Arch. mun. Nice, 1 D 1, p. 221-222.

56.  Arch. mun. Nice, 1 D 20, p. 85-86 (séance du 24 février 1917).

57.  SAMHA, fonds 1914-1918, C 400-402.

58.  SAMHA, fonds 1914-1918, C 386 et suiv.

59.  SAMHA, fonds 1914-1918, C 380-381 et 393-395. 

60.  The deseret News, February 24, 1917 (États-Unis d’Amérique, État de l’Utah). The grey River argus, March 31, 1917, p. 3 (Nouvelle-Zélande).

61.  Arch. dép. Alpes-Maritimes, 1 M 705.

62.  SAMHA, fonds 1914-1918, N 2787 (n° 306 et 347).

63.  The Continental weekly (édition de Paris), September 14, 1918, p. 4.

64.  L’Éclaireur de Nice, 19 juillet 1918, p. 2.