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C) Économie

Oksana Solomakha
1 novembre 2019

Le commerce extérieur russe en 2018

Pour la deuxième année consécutive, on note en 2018 une dynamique positive du commerce extérieur russe, qui succède à la chute due aux sanctions occidentales. Selon le Service fédéral des douanes, le chiffre d’affaires du commerce extérieur a été, l’année dernière, de 692,6 milliards de dollars, soit une hausse de 17,6 % par rapport à 2017. Précisons que les exportations ont augmenté de 25,6 %, et les importations de 5,1 %. La part des premières dans le volume total des échanges est passée de 61,1 % à 65,3 %, celle des secondes est descendue de 38,9 % à 34,7 %. L’excédent du commerce extérieur pour 2018 a été de 211,6 milliards de dollars, soit 80,6 milliards de plus qu’en 2017.

Géographie des exportations et des importations russes

Après une baisse négligeable en 2017, les échanges avec les pays de l’Union européenne ont retrouvé une tendance positive, atteignant 294,2 milliards de dollars, avec une augmentation des exportations de 28,3 %, et de 2,7 % pour les importations. Les chiffres montrent également que la Russie a continué à renforcer ses liens commerciaux avec les pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), dont la part s’élève à 31 %. Les échanges ont connu une hausse de 19,8 % (dont 34,7 % pour les exportations et 5,7 % pour les importations), se montant à 213,3 milliards de dollars. Soulignons que le chiffre d’affaires du commerce russo-chinois a atteint un record historique, dépassant pour la première fois les 100 milliards de dollars. Les échanges avec les pays de la Communauté des États indépendants se sont accrus de 10,7 %, atteignant 80,8 milliards de dollars, dont 8,8 % pour les pays de l’Union économique eurasiatique (UEEA), soit 56,1 milliards de dollars.

La dynamique de 2018 montre qu’en dépit d’un ralentissement du commerce mondial, notamment dans la zone de l’APEC en raison des guerres commerciales sino-américaines, les relations de la Russie avec les pays de la région continuent de se renforcer. Les échanges russes avec la Chine et la Corée du Sud se développent à un rythme accéléré. On note également, pour la deuxième année, une courbe ascendante dans le commerce avec l’Union européenne. Cependant, la structure des marchandises concernées ne subit pas de grands changements : la Russie livre principalement à l’UE des matières premières et importe des équipements et des machines, des voitures et de l’électronique. Malgré la proximité géographique et la politique régionale d’intégration, le poids spécifique de la CEI continue de baisser.

Les principaux partenaires commerciaux de la Russie

Les principaux partenaires de la Russie dans les pays de « l’étranger lointain » sont aujourd’hui la Chine (15,7 %), l’Allemagne (8,7 %), les Pays-Bas (6,9 %), l’Italie (3,9 %), la Turquie (3,7 %), la Corée du Sud (3,6 %) et les États-Unis (3,6 %). La Chine continue imperturbablement d’occuper la première place. L’Allemagne s’installe solidement à la deuxième place : les exportations russes vers ce pays ont augmenté de 32,5 %, les importations de 5,3 %. Au troisième rang figurent les Pays-Bas, avec une augmentation de 19,4 %. Si l’on inclut les réexportations des ports néerlandais vers les marchés de l’Union européenne, 85,8 % des exportations russes consistent en produits minéraux. Les échanges russo-turcs ont dépassé leur niveau d’avant la crise, atteignant 25 milliards de dollars. L’évolution des échanges avec la Corée du Sud est intéressante : on note une croissance de 129,1 %, dont 144,8 % d’augmentation pour les exportations russes, alors que les importations n’ont pratiquement pas bougé. Le volume des échanges avec les États-Unis a connu une hausse de 7,9 %, dont 17,8 % pour les exportations russes, tandis que les importations de marchandises américaines enregistraient une baisse insignifiante de 0,5 %.

Parmi les pays de « l’étranger proche », les principaux partenaires commerciaux de la Russie sont actuellement la Biélorussie (4,9 %) et le Kazakhstan (2,6 %). On constate toutefois une baisse du poids spécifique des deux pays par rapport à 2017. Les échanges avec la Biélorussie ont augmenté de 10,9 %. Pour le Kazakhstan, la hausse est de 4,2 %, dont un accroissement de 3,7 % des importations en Russie et de 5,6 % des exportations russes. Pour la deuxième année consécutive, on relève une hausse de 16,6 % des échanges avec l’Ukraine.

Structure des exportations et des importations russes

Les exportations de la Russie ont représenté, en 2018, un chiffre d’affaires de 499,96 milliards de dollars, soit 25,8 % de plus qu’en 2017. La Russie exporte vers les pays de « l’étranger lointain » 87,9 % de ses marchandises, et 12,1 % vers les États de la CEI. Dans le premier cas, les produits minéraux l’emportent traditionnellement, en particulier ceux du complexe énergétique : ils représentent 67,6 % de toutes les exportations russes, soit une hausse de 4 % par rapport à 2017 (1). La part des produits du secteur de l’énergie exportés vers les pays de la CEI est de 35,9 %.

La Russie continue d’exporter assez peu de machines et d’équipements – 6,5 % de toutes ses exportations –, avec une tendance à la baisse vers les pays de « l’étranger lointain ». Pour les denrées alimentaires, qui représentent 5,5 % des exportations russes, on relève également une infime régression, notamment dans les échanges avec les pays de la CEI.

Les importations russes se sont montées à 240,5 milliards de dollars en 2018, soit une augmentation de 5,1 % par rapport à 2017. 89 % proviennent des pays de « l’étranger lointain », et 11 % des pays de la CEI (2). La Russie importe traditionnellement de gros volumes de machines et d’équipements : 47,3 % de toutes ses importations. On note cependant une baisse des livraisons en provenance tant de « l’étranger lointain » que de la CEI. La production de l’industrie chimique a représenté 18,3 % en 2018, les livraisons de « l’étranger lointain » sont restées au niveau de 2017, celles de la CEI augmentant d’1,4 %. Les importations de denrées alimentaires demeurent également au niveau de 2017 et représentent 12,4 % de toutes les importations russes.

Bilan et perspectives

La dynamique positive du commerce extérieur de la Russie pour 2018 tient avant tout au développement de son complexe énergétique. Des résultats record ont été enregistrés dans l’extraction du gaz ; la production de pétrole et de charbon s’est également accrue. Le poids spécifique de l’énergie dans la structure des exportations a encore augmenté. Il en ressort qu’en dépit du souhait des autorités russes de relever la part des exportations hors matières premières, l’économie du pays dépend en grande partie de l’énergie et, par conséquent, des fluctuations de la conjoncture mondiale. D’un point de vue géographique, la hausse la plus importante des exportations russes est liée à la Chine, l’Allemagne, la Corée du Sud, la Finlande, la Biélorussie et aux Pays-Bas. Dans l’ensemble, la Russie a accru ses échanges commerciaux avec les pays de la région Asie-Pacifique ; les perspectives de développement ultérieur dépendront en grande partie des projets d’intégration du Grand Partenariat eurasiatique. Les perspectives et la dynamique du commerce extérieur russe en 2019 sont étroitement liées à la situation sur le marché des hydrocarbures, ainsi qu’à un éventuel affaiblissement, voire une levée des sanctions adoptées contre la Russie.

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1. « Tovarnaïa strouktoura eksporta RF so vsemi stranami ianvar-dekabr 2018 » [Structure des exportations de la Fédération de Russie tous pays confondus, janvier-décembre 2018], http://www.customs.ru/index2.php?option=com_content&view=article&id=24932&Itemid=1978

2. « Tovarnaïa strouktoura importa RF so vsemi stranami ianvar-dekabr 2018 » [Structure des importations de la Fédération de Russie tous pays confondus, janvier-décembre 2018], http://www.customs.ru/index2.php?option=com_content&view=article&id=24933&Itemid=1978