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Note №7, « A la recherche d’une guerre perdue : la Première Guerre mondiale dans la mémoire et les politiques de l’histoire russes »

Emilia Koustova
1 octobre 2014
Emilia Koustova, maître de conférences en civilisation russe à l’Université de Strasbourg (fonction occupée par l'auteur au moment de la rédaction).

Introduction


S’il y a, aujourd’hui en Russie, un qualificatif qui revient constamment à propos de la Première Guerre mondiale, c’est le mot « oubliée ». En effet, ce conflit qui fit plus de 1,8 million de morts dans l’armée russe et qui provoqua des bouleversements sociaux-politiques majeurs, signant la fin de l’Ancien régime et l’émergence du système soviétique, fut pendant longtemps marginalisé dans la mémoire collective et l’histoire nationale russe. Les causes d’un tel oubli sont bien connues : délégitimée dans le discours bolchevique en tant que « guerre impérialiste », engagée par un régime honni, la Première Guerre mondiale était restée en même temps peu différenciée, dans la mémoire collective, de la Révolution de 1917 et de la guerre civile, les trois conflits fusionnant dans une série continue de violences et d’épreuves extrêmes, longue de presque une décennie. Alors que l’expérience de la Révolution et de la guerre civile allait servir à développer une véritable mythologie historique, avec ses symboles et ses héros, les héritages de la Première Guerre mondiale furent rapidement marginalisés (1). Trois décennies plus tard la Seconde Guerre mondiale – appelée Grande Guerre patriotique – prenait la place centrale dans la mémoire collective, puis, dans les dispositifs commémoratifs officiels. Aujourd’hui, plus que jamais, elle constitue le pivot de l’édifice mémoriel russe.

Précisons d’emblée qu’un tel oubli ne fut ni total, ni systématique. Il concernait essentiellement la culture mémorielle publique, alors que la littérature consacrée au premier conflit mondial par les historiens soviétiques et russes est respectable, bien que souffrant encore aujourd’hui d’un manque de grands ouvrages de synthèse, ainsi que de certaines limites méthodologiques et d’une couverture inégale des problématiques. Depuis les années 1990, ce sujet profite d’un regain d’intérêt, dans le contexte plus général d’un renouveau historiographique, d’une réévaluation de l’histoire impériale et d’un intérêt prononcé pour les « pages blanches » de l’histoire nationale. Cette historiographie ayant récemment fait l’objet d’une analyse détaillée en français par Alexandre Sumpf (2) et de nombreux et réguliers bilans en russe, nous nous concentrerons ici sur la culture mémorielle et les « politiques de l’histoire » liées à la Première Guerre mondiale.

En effet, autrefois oubliée, cette guerre semble revenir aujourd’hui sur le devant de la scène commémorative russe. Le regain d’intérêt ne concerne pas uniquement (ou pas tellement) la communauté scientifique, mais est perceptible surtout dans la sphère politique. Depuis un ou deux ans, les plus hauts dirigeants du pays, du président Vladimir Poutine au chef de la Douma Sergueï Narychkine, sans oublier le ministre de la culture Vladimir Medinski ou le chef de l’Administration présidentielle Sergueï Ivanov, multiplient les appels à rendre à cette guerre la place qu’elle mérite dans l’Histoire nationale et la mémoire collective. Ces déclarations ont été suivies d’initiatives gouvernementales : désignation du 1er août comme « journée de commémoration des soldats russes tombés pendant la Première Guerre mondiale » ; création d’un comité chargé de l’organisation du centenaire de la guerre dirigé par S. Narychkine ; décision de construire plusieurs monuments en l’honneur des héros de cette guerre et de créer, à Tsarskoe Selo près de Saint-Pétersbourg, un premier musée russe consacré à son histoire. La commémoration de la Première Guerre mondiale figure désormais parmi les priorités de la plupart des institutions culturelles publiques, du Ministère de la culture à la Société d’histoire russe (RIO) et la Société d’histoire militaire russe (RVIO). Les activités au niveau gouvernemental sont complétées par des initiatives locales, émanant des pouvoirs régionaux, des fondations privées, des institutions universitaires ou des associations.

Bien entendu, l’approche du centenaire y est pour beaucoup. Les passionnés de cette histoire en sont d’ailleurs conscients, redoutant un désintéressement tout aussi rapide, une fois l’année 2014 passée. Sans préjuger de l’efficacité des tentatives d’inscrire la Première Guerre mondiale dans la mémoire collective russe, nous estimons néanmoins qu’il s’agit d’une tendance qui ne se résume pas au contexte conjoncturel du centenaire. Pour être comprise, cette tendance doit être inscrite dans un autre contexte, celui des tentatives, de plus en plus intenses et explicites, de la part du gouvernement russe, de mener une « politique de l’Histoire » (3). Comme rarement avant, l’histoire constitue aujourd’hui à la fois un objet et un outil d’intervention politique. Objet, car il s’agit de formuler et d’imposer – à l’aide des commémorations, de la production cinématographique ou d’un « manuel unique » pour le secondaire actuellement en cours d’élaboration – une vision normative de l’histoire nationale, et potentiellement, de sanctionner les visions discordantes, nouvelle loi mémorielle à l’appui (4). Outil, car cette entreprise d’homogénéisation et de monopolisation du récit historique a des visées didactiques, propagandistes, politiques. L’histoire doit servir à éduquer au patriotisme, à souder la nation, à structurer l’identité nationale, voire à fonder une idéologie d’État. Elle est aussi largement utilisée comme argument politique ou propagandiste, pour légitimer l’action, mobiliser les soutiens ou discréditer les adversaires, comme le montre l’usage abondant de l’étiquette de « fasciste » et de « banderovets » à propos de la crise en Ukraine.

Pourquoi commémorer la guerre de 1914-1918 ? Des usages de l’histoire en Russie

Le nouveau « roman national » qui s’écrit en Russie au fil des déclarations des dirigeants, des campagnes dans la presse, des politiques éducatives ou commémoratives, se veut avant tout un récit sans ruptures, qui rétablit « des liens entre les époques historiques » et correspond à une « histoire unie, ininterrompue, millénaire qui nous donne des forces intérieures et nous apprend le sens du développement de la nation » (5). Comment y intégrer la Première Guerre mondiale, épisode crucial, à cheval entre l’Ancien régime et la période soviétique, mais délicat, car révélateur des tensions entre ces deux grands blocs – historiques, mémoriels, idéologiques – qu’on entend aujourd’hui ressouder ? Une telle intégration demande tout un travail de révision et d’ajustement des schémas interprétatifs et commémoratifs, travail qui s’apparente parfois à la recherche de la quadrature du cercle.

Il est en effet impossible – dans le contexte de réhabilitation généralisée de la monarchie des Romanov et en particulier du dernier empereur, Nicolas II – de maintenir l’approche soviétique traditionnelle. Celle-ci voyait dans la guerre à la fois une preuve de l’incapacité totale du régime tsariste et une sorte de mal nécessaire (car facilitant la Révolution). Elle justifiait la sortie catastrophique du conflit en mars 1918, cause d’énormes pertes territoriales, par le besoin suprême de sauver la jeune République soviétique. La position radicalement opposée, qui voit dans le régime bolchévique un mal absolu, rend plus aisée l’interprétation de la Première Guerre mondiale et l’explication de l’échec du tsarisme (à travers la thèse la trahison, par exemple), mais une telle vision est difficile à conjuguer avec l’évaluation positive de l’expérience soviétique, qui domine dans le discours officiel et semble être partagée par la population.

Une des solutions de ce défi mémoriel vint récemment du président russe en personne. En juin 2012, en répondant aux questions d’un membre du Conseil de la Fédération, il donna son interprétation de la Première Guerre mondiale. En balayant le qualificatif « impérialiste » et en mettant en avant la défense des intérêts géopolitiques par les pays participants à la guerre de 1914-1918, V. Poutine compara ce conflit à la Grande Guerre patriotique. Il expliqua « l’oubli » de la première par une volonté politique des Bolchéviques d’effacer ainsi le souvenir de la « trahison » commise en signant la paix de Brest-Litovsk. Néanmoins, se pressa-t-il d’ajouter, les dirigeants soviétiques « rachetèrent leur faute devant le pays » durant la Seconde Guerre mondiale.

a) Histoire des guerres au service du patriotisme

Cette interprétation, largement reprise par les médias et les différents acteurs de la mémorialisation, constitue un bel exemple des procédés utilisés pour éliminer les éventuelles tensions et (re)fondre périodes impériale et soviétique au sein d’une histoire « ininterrompue, millénaire », une histoire magistra vitae, capable « d’apprendre le sens du développement de la nation ». L’approche utilisée se caractérise par un fort degré de syncrétisme et de pragmatisme, qui conduisent à intégrer tout ce qui peut servir à glorifier la Grande Russie, État puissant qui transcende les époques historiques, les idéologies et les régimes politiques. Le récit historique constitue ainsi le pivot du patriotisme, compris comme un amour absolu pour la Patrie et une loyauté inconditionnelle à l’égard du gouvernement. Le patriotisme constitue désormais une notion-clé de la vie publique russe, recouvrant à la fois une morale, dominante, et une forme essentielle de relation entre le citoyen et l’État (6). L’histoire nationale et en particulier militaire joue un rôle clé dans son apprentissage, tout comme le font les institutions (para-)militaires impliquées dans les programmes d’éducation patriotique. Malgré une nette préférence pour les guerres victorieuses, aux enjeux perçus comme indiscutables, telle la Seconde Guerre mondiale ou 1812, d’autres combats y sont inclus, à partir du moment où ils donnent des exemples d’héroïsme, de loyauté à la patrie et de fidélité au « devoir de combattant » [voinskiï dolg]. La mémoire de la Première Guerre mondiale y trouve alors sa place, à côté de la seconde et des conflits bien moins connus et souvent peu faciles à valoriser, tels la campagne contre la Finlande (1939-1940) ou la guerre d’Afghanistan.

Si l’histoire des combats sert de leçon en fournissant, à travers les actes héroïques, des exemples de patriotisme, vénérer la mémoire des héros qui ont péri donne l’occasion d’exercer ce patriotisme par temps de paix, de remplir, à travers les commémorations, un devoir de citoyen et de patriote. Dans le cas de la Première Guerre mondiale, ce « devoir de mémoire » prend un sens moral particulier, car il s’agit de rétablir une « injustice historique », en palliant l’oubli. Comme le proclame la Société d’histoire militaire russe sur les pages de son site (7):

La mémoire des journées tragiques et glorieuses de l’histoire de la Patrie constitue l’un des piliers de la renaissance de la Russie […] La participation de la Russie à la Première Guerre mondiale représente l’une des pages glorieuses de l’histoire militaire, page qui n’a pas été encore suffisamment éclairée, tout comme n’est pas évalué à sa juste valeur le rôle de notre pays dans cette guerre. Aujourd’hui cette guerre reste pour beaucoup de Russes une guerre inconnue, sans nom. Or, elle vit émerger des héros qui sacrifièrent leur vie pour « la foi, le tsar et la patrie ». Restituer leur mémoire est de notre devoir de descendants.

b ) Relire le passé à travers le présent

A cette leçon patriotique et morale s’en ajoute une autre, politique. Elle consiste en une relecture de l’histoire à travers l’actualité nationale et internationale. Dans les deux cas, les réinterprétations « présentistes » de la Première Guerre mondiale sont multiples, souvent ambigües, comportant un fort risque de retournement de sens et permettant de passer d’une rhétorique de la réconciliation (au sein de la société ou avec l’Europe, par exemple) à des « leçons historiques » qui sonnent comme des menaces à peine voilées.

Étroitement liée à l’histoire de la Révolution, la Première Guerre mondiale permet d’aborder de nombreux thèmes qui entrent en résonnance avec l’actualité politique russe : elle sert, par exemple, à évoquer les rapports entre le leader, les élites et le peuple ; à mettre en garde contre les divisions au sein de la société et à rappeler l’existence de forces prêtes à les instrumentaliser ; à parler du chaos et des catastrophes, mais aussi d’une Russie renaissant de ses cendres (et rétablissant ses frontières). Ces référénces, glissées plutôt discrètement, à demi-mot, dans les déclarations des dirigeants, sont exprimées de façon tout à fait explicite et directe, par exemple, dans ces consignes relatives à l’éducation patriotique des jeunes (8):

La Première Guerre mondiale, prise dans son contexte historique, nous apprend qu’un grand pays peut disparaître de la carte du monde, faute d’entente au sein du pouvoir et de la société. Disposant d’importantes ressources, le grand Empire russe aurait pu sortir vainqueur de la Première Guerre mondiale, mais ceci fut compromis par les facteurs de la politique intérieure, dont le principal était les divisions parmi les élites. Le refus de tout compromis conduisit à la Révolution de Février qui dérégla les mécanismes traditionnels de la gouvernance de l’État. Tout cela provoqua confusion et troubles dans l’armée et aboutit en fin de compte à la Révolution d’Octobre et à la guerre civile. De nos jours, nous pouvons observer des tendances inquiétantes, rappelant les évènements qui eurent lieu à la veille de la guerre. On voit ainsi certains milieux sociaux et financiers manipuler l’opinion publique et discréditer les valeurs russes, le présent et l’avenir [de la Russie], stimulant un schisme dans la société. L’exemple de la Première Guerre mondiale et des années qui la suivirent nous donne une leçon historique d’extrême importance, qui ne doit pas passer inaperçue.

Commémorer la Première Guerre mondiale, souligner le rôle joué par la Russie dans le déroulement du conflit et dans la victoire finale de l’Entente conduit inévitablement à poser la question des relations qui lient la Russie à l’Europe, de réfléchir à sa place dans l’espace-temps – historique, mémoriel, politique – européen. Là aussi, les relectures et les actualisations sont multiples, parfois contradictoires.

Souvent, la mémoire de ce conflit conduit à réaffirmer les liens entre la Russie et l’Europe, à inscrire l’histoire russe dans l’histoire universelle. Les acteurs russes de cette commémoration citent les autres pays comme autant d’exemples à suivre, pour rétablir l’injustice historique faite à la mémoire de cette guerre et de ses morts en Russie. Les préparatifs du centenaire fournissent un terrain pratique pour développer les contacts avec les pays européens autour de la mise en scène d’un passé commun. Les dirigeants russes impliqués dans la commémoration ont souligné à plusieurs reprises l’importance d’inscrire leurs initiatives dans des programmes internationaux. Plusieurs parmi eux ont participé à des rencontres avec leurs homologues étrangers, tel V. Medinski rencontrant en octobre 2013 A. Filippetti, pour discuter des cérémonies du 70-ème anniversaire du débarquement et du centenaire de la Grande Guerre (9). En avril 2014, une table-ronde internationale « Première Guerre mondiale : culture et mémoire » fut organisée à Paris à l’initiative de Moscou et avec la participation des parlementaires russes. La commémoration de la Grande Guerre est aussi évoquée (et parfois utilisée) en tant que terrain permettant de développer les coopérations avec les pays de l’Europe orientale ayant partagé le même destin durant le conflit.

Bien entendu, cette « diplomatie commémorative » est largement tributaire de l’évolution des relations entre la Russie et ses partenaire européens, tout comme l’est le discours sur la Première Guerre mondiale dans le contexte intérieur de la politique russe. La tendance à utiliser la mémoire de ce conflit pour mettre en avant les liens avec la Russie et rappeler les coopérations et alliances passées, n’est pas la seule. Elle peut facilement être écartée au profit d’une autre logique, qui présente la Russie à la fois comme acteur-clé de la politique européenne et victime abandonnée par ses alliés, qui monopolisèrent la victoire payée par le sang des soldats russes mais ne surent pas garantir la paix par la suite. Dans une version modérée de cette relecture, l’histoire de la Première Guerre mondiale sert à rappeler, comme l’a fait V. Poutine devant les participants du Club de Valdaï en septembre 2013, qu’il ne peut y avoir de paix durable en Europe sans la participation de la Russie à l’élaboration de ses fondements :

Je tiens à rappeler qu’aussi bien le Congrès de Vienne de 1815, que les accords de Yalta de 1945, élaborés avec une participation très active de la Russie, procurèrent une paix durable. A ces moments décisifs, la force de la Russie, sa force de vainqueur s’est manifestée dans une attitude noble et juste. Prenons maintenant [le traité de] Versailles, conclu sans la Russie. De l’avis de nombreux spécialistes, que je partage entièrement, c’est à Versailles que les bases de la future Seconde Guerre mondiale furent jetées. Car la paix de Versailles était injuste à l’égard du peuple allemand, en lui imposant des contraintes qu’il ne pouvait supporter […] (10).

Quelques mois plus tard, dans le contexte de la crise en Ukraine, la Société d’histoire militaire russe, présidée par le ministre de la Culture V. Medinski, poussait cette logique jusqu’au bout, en évoquant 1914-1918 non seulement pour désigner les anciens alliés de la Russie comme responsables de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, mais pour mettre en garde contre une nouvelle vague de « fascisme » européen :

Le fascisme vient à nouveau d’Europe ! … Le fascisme avait germé dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, sous les attaques au gaz, dans les maisons froides et affamées de l’Allemagne, alors que la France et l’Angleterre menaient belle vie après avoir écrasé l’ennemi, sans se soucier trop des conséquences. C’est alors que naquit le fascisme, un fascisme froid, sanglant, qui transforme en cendres les âmes et les cœurs... (11).
Commémorer… mais où, quoi, qui et comment ?

En constatant des tentatives d’inclure l’histoire de la Première Guerre mondiale dans le récit historique national, nous avons essayé de comprendre les raisons et les usages possibles de telles récupérations. Il convient de voir maintenant comment, dans le cadre de cette politique de l’histoire, s’invente une nouvelle tradition commémorative, celle de la « Grande Guerre oubliée ».

L’analyse des « pourquoi » de ces tentatives de mémorialisation a permis d’entrevoir nombre de difficultés inhérentes à l’entreprise. L’invention se fait sur un terrain miné, à la fois surchargé et vide. Il est surchargé de sens potentiellement contradictoires ou difficiles à inscrire dans des schémas commémoratifs, d’autant que ce terrain mémoriel est très (trop ?) proche d’un autre, central, celui de la « Grande Guerre patriotique », chargé d’émotions et objet d’un véritable culte publique. En même temps, ce terrain est vide, fait de disparitions ou d’absences. Tout est à retrouver ou à inventer, car il s’agit de créer, presque ex-nihilo, une mémoire, avec ses symboles, ses objets, ses lieux et ses héros, en absence de témoins vivants et face à une mémoire individuelle, familiale, collective inexistante ou marginalisée. A l’absence ou à la pénurie de lieux de mémoire publics, tels que musées ou monuments, correspond l’effacement matériel de cette guerre de la vie des familles : rareté de documents ou d’objets conservés, silences des grands-parents à ce sujet. A l’époque soviétique les anciens combattants de ce premier conflit mondial cachaient la plupart du temps leurs décorations et passaient sous silence leur expérience de guerre.

Nous proposons donc de dresser ici un rapide aperçu de ce qui est fait aujourd’hui afin d’inclure la Première Guerre mondiale dans les dispositifs mémoriels, notamment dans le cadre de la préparation de son centenaire qui, depuis deux ou trois ans, contribue à stimuler et à structurer les efforts. En analysant ces initiatives, nous verrons notamment comment leurs auteurs cherchent à combler les lacunes et à relever d’autres défis mémoriels. Des musées et monuments aux films et encyclopédies de la Première Guerre mondiale, tout est encore en chantier, les livraisons étant prévues la plupart du temps à partir d’août 2014. Étant donné le caractère partiel des informations et l’état inachevé des projets, ce qui suit ne prétend aucunement à l’exhaustivité, et mes interprétations ne constituent que de premières hypothèses.

a) Lieux de mémoire absents sur des territoires amputés

Le caractère marginal, effacé de la mémoire de la Première Guerre mondiale en Russie se manifeste notamment dans l’absence de lieux de mémoire publics, tels que monuments, cimetières, musées, mémoriaux sur les champs de bataille. Faute d’intérêt, voire suite à l’hostilité de la part des autorités soviétiques, de tels lieux n’ont jamais existé ou bien ont été laissés à l’abandon ou détruits, tels les cimetières qui souvent finirent par disparaître. Cette situation se reflète dans l’importance de la rhétorique liée au « devoir de mémoire » face aux morts de la Grande Guerre, qui conduit à considérer comme prioritaires la construction des monuments et la recherche et mise en valeur des tombes.

Or, cet effort rencontre une difficulté toute particulière : l’absence presque totale de champs de bataille de la Première Guerre mondiale en Fédération de Russie. En effet, suite à l’éclatement de l’État-Empire, tsariste puis soviétique, et la perte des « périphéries nationales » qui s’ensuivit, les régions (baltes, ukrainiennes, biélorusses) ayant constitué le théâtre de la guerre sur le front oriental, ne font plus partie de la Russie actuelle. Au-delà des douleurs fantômes que cela risque de réveiller, renvoyant au récent traumatisme de la disparition de l’empire soviétique, cela pose une question tout à fait concrète : comment matérialiser et ancrer une mémoire dans un territoire sur lequel ne se sont déroulés aucun combat, aucune violence qui constituent les lieux habituels de mémoire (pensons à tous les cimetières entretenus encore aujourd’hui sur les champs de bataille de l’Est de la France). Plusieurs solutions sont expérimentées.

La première tient à l’exception que constitue la région de Kaliningrad (Königsberg), théâtre, en 1914, de combats germano-russes importants. Peu importe si à l’époque et jusqu’en 1945, ce territoire, qui correspond au cœur de l’ancienne Prusse-Orientale, faisait partie de l’État allemand. Aujourd’hui cette région qui compte plusieurs dizaines, voire des centaines de lieux d’enterrement des soldats de la Première Guerre mondiale, est au cœur de la commémoration du centenaire du conflit. Plusieurs inaugurations y sont prévues courant 2014 : un grand monument (auteur : Salavat Chtcherbakov) et un musée fédéral à Kaliningrad (Königsberg), un mémorial historico-militaire à Goussev (Gumbinnen) où en août 1914 eut lieu l’une des premières batailles importantes sur ce front, de surcroît victorieuse pour la Russie. Plusieurs monuments ou plaques commémoratives seront installés dans les ossuaires et près des cimetières militaires détruits. Néanmoins, ces mesures sont insuffisantes au vu du nombre et de l’état catastrophique dans lequel se trouve la majorité des lieux de sépulture. Leur nombre n’est toujours pas connu avec précision, et les particularités de la législation nationale en la matière font en sorte que même ceux qui sont identifiés ne possèdent souvent pas le statut de cimetière ou de monument (12).

Hormis la région de Kaliningrad, l’essentiel des tombes des soldats russes morts dans les combats de la Grande Guerre se trouve ainsi hors du territoire national, dans les régions des batailles du front oriental ou bien encore plus à l’ouest en Europe (il s’agit alors des combattants des corps expéditionnaires russes ou des prisonniers de guerre). Aussi le programme fédéral de la commémoration du centenaire inclut-il, par exemple, la construction d’une chapelle orthodoxe dans le cimetière des prisonniers de guerre situé à Bolzano (Italie du Nord), l’aménagement d’une nécropole russe à Belgrade, ainsi que la recherche des tombes et la réalisation de travaux dans les lieux de sépulture situés en Ukraine. Il va sans dire que ce volet du programme commémoratif se trouve particulièrement dépendant de l’actualité : ainsi, récemment, selon l’expression du journal Le Monde du 6 avril 2014, « une collision entre ce passé et l’actualité » a conduit à annuler la visite de V. Poutine à Courcy (Marne) lors de laquelle le président russe devait inaugurer un monument en hommage à ses compatriotes morts dans l’offensive Nivelle en 1917.

Enfin, il convient de rappeler que la mémoire de ces morts est malgré tout présente sur le sol russe, avant tout là ou des cimetières militaires furent aménagés pendant la guerre dans les villes de l’arrière, afin d’accueillir les corps de nombreux soldats morts dans les hôpitaux militaires des suites de leurs blessures. Parmi les premiers, le « Cimetière fraternel de Moscou », dans le quartier de Sokol, fut créé dès 1914 puis rénové à partir des années 1990. A l’époque soviétique, ses monuments funéraires et son église furent détruits du fait de la transformation du cimetière en parc puis de la construction de quelques bâtiments sur une partie du territoire. Avec la perestroïka, les enthousiastes commencèrent à reconstruire les monuments aux morts, et la mairie finit par créer un mémorial, inauguré à l’occasion des 90 ans du début de la guerre. Cet ensemble devint alors le principal lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale à Moscou.

Or aujourd’hui, un autre site cherche à s’imposer comme le lieu central de la commémoration de la guerre de 1914-1918. Il s’agit du projet-phare du centenaire : la construction d’un grand monument aux héros du conflit. Dès le début, tout a été fait pour lui conférer un caractère éminemment symbolique et populaire : lancé, selon la Société d’histoire militaire russe, à l’initiative de descendants d’anciens combattants, soutenu par le gouvernement et le président en personne, ce projet fait l’objet d’une collecte de fonds, le concours a donné lieu à un « vote populaire » via internet (13) et à une exposition des 15 meilleurs projets du monument au Musée de la guerre de 1812 puis à celui de la Grande Guerre patriotique. Le lieu choisi pour sa construction est tout aussi significatif : il s’agit du mémorial du Parc de la Victoire (connu sous le nom de Poklonnaïa gora) dans les quartiers ouest de Moscou, site mémorial dédié à la Seconde Guerre mondiale, lié également à la mémoire de la guerre de 1812. La Première Guerre mondiale est ainsi intégrée dans le récit des grandes guerres « patriotiques », qualificatif qui, d’ailleurs, avait été auparavant employé à son propos.

Le projet retenu met en scène les thèmes chers au « roman national » qui s’écrit aujourd’hui en Russie : un grand pays à l’histoire ininterrompue, qui s’appuie sur les valeurs traditionnelles (foi orthodoxe en tête), sur l’héroïsme et les sacrifices de ses enfants. On y trouve avant tout un gigantesque drapeau national (en bronze coloré), qui sert de fond à des hauts-reliefs représentant des scènes de bataille, une infirmière soutenant un blessé et une scène de départ au front, avec les femmes et les enfants faisant des adieux aux hommes sous la bénédiction d’un prêtre orthodoxe. Le drapeau incarne la continuité de l’État russe à travers les époques et au-delà des régimes politiques ; grâce à l’usage de ce symbole familier, on cherche à réduire la distance entre le spectateur et l’expérience de cette guerre méconnue, à provoquer une identification avec sa mémoire.

Les thèmes de l’héroïsme et de la gloire militaire, indissociablez des représentations officielles de la guerre en Russie, sont également présents sur ce monument, notamment à travers la représentation des attaques (de la cavalerie et à la baïonnette) et du général Broussilov, l’un des rares chefs militaires de cette guerre qu’on pourrait qualifier de populaire. Ce thème prend cependant ici des accents singuliers, l’issue catastrophique du conflit obligeant à nuancer les propos symboliques et à chercher des images qui permettraient de traiter de la défaite sans renoncer aux leçons de patriotisme. Comme dans nombre d’autres projets consacrés à ce conflit, la solution est trouvée dans les notions de sacrifice et de devoir à l’égard de la Patrie, devoir rempli malgré les vicissitudes politiques. Pour l’incarner, le sculpteur fait reproduire le départ au front, et surtout complète le « drapeau » par la statue isolée d’un soldat. Symbole de la loyauté des combattants ordinaires, ce soldat, selon l’auteur « …n’a pas perdu la guerre. Il a juste reçu l’ordre de rentrer. » (15) Dans le même entretien, le sculpteur soulignait qu’il ne s’agissait pas de proposer un portrait « solennel », mais d’incarner les épreuves traversées avec honneur. C’est sans doute dans le même souci de rendre ce personnage – malgré sa taille (environ 5 m), – plus humain, plus proche du spectateur, que le projet initial prévoyait de placer la statue presque à même du sol. Or, dans la version finale du monument, elle est dressée sur un piédestal de plus de 6 à 7 mètres de haut. Autre changement, le monument dédié initialement « Aux héros et soldats russes tombés durant la Première Guerre mondiale » comporte, dans la version finale, une inscription : « Aux héros de la Première Guerre mondiale ».

b) A la recherche des héros

Ainsi, dans ce projet éminemment politique, la glorification de l’héroïsme et la référence à l’État, traduites dans un langage monumental aux forts accents soviétiques, ont vite pris le dessus sur l’idée de la commémoration de tous les morts et d’un « devoir de mémoire », pourtant si souvent invoqué.

D’autres productions mémorielles de natures variées : monuments, expositions, films – portent souvent des traces de cette tradition étatique, héroïque, monumentale, mais aussi de l’existence de tendances divergentes, parfois opposées, qui conduisent notamment à rechercher un langage moins solennel, une dimension plus humaine, parfois même intimiste. En témoignent, par exemple, les récentes expositions consacrées à cette guerre par deux musées moscovites : le Musée central de l’histoire contemporaine de Russie et le Musée panrusse des arts décoratifs et populaires. Le premier présenta au public une collection de dessins, caricatures, croquis consacrés à la Première Guerre mondiale, souvent produits par des artistes mobilisés, alors que le second évoqua cette guerre à travers un éventail plus large d’objets-« témoins » (selon l’expression utilisée dans le titre de l’exposition) : photos, cartes postales, quelques objets et curiosités, telle qu’un menu de repas fraternel organisé par les aviateurs britanniques et russes. En mettant en scène le combattant ordinaire, son quotidien et son univers émotionnel, et en se gardant soigneusement de tout commentaire ou évocation du contexte historique, ces deux expositions cherchent à réduire la distance entre le visiteur et cette guerre oubliée, à lui fournir des images qui touchent, émeuvent, remplissent un vide, tout en évitant des interrogations et des pierres d’achoppement liées à l’interprétation de l’histoire.

Les acteurs de la mémorialisation de la Première Guerre mondiale sont en effet à la recherche des visages – et des noms – capables d’incarner cette expérience et de susciter des identifications partagées et consensuelles. Car cette guerre en Russie est avant tout une guerre sans visages connus, sans héros incontestables. Cette lacune s’explique notamment par les conflits fratricides qui éclatèrent à partir de 1917. Les nombreux officiers et généraux de la Première Guerre mondiale ayant rejoint le mouvement blanc étaient désignés, à l’époque soviétique, comme des ennemis jurés, responsables des pires atrocités. Aujourd’hui, avec la révision de l’histoire révolutionnaire et la réhabilitation du mouvement blanc, ces personnages sont aussi reconsidérés, mais leur commémoration en tant que héros de la Première Guerre mondiale ne semble pas toujours aller de soi (16). De façon symétrique, le général Broussilov qui, s’étant rallié aux Bolcheviks, bénéficia d’un traitement favorable durant l’époque soviétique, est aujourd’hui contesté par certains à cause de son soutien aux « rouges ».

Il n’est alors pas étonnant que la construction de la mémoire de la Première Guerre mondiale passe souvent par un recours aux images de combattants ordinaires, voire anonymes, qui, sans porter la responsabilité des défaites militaires ou des décisions politiques ultérieures, permettent d’incarner l’idée de loyauté et de sacrifice au nom de la patrie. Cette logique s’exprime, par exemple, dans le film « Bataillon de la mort », principal projet cinématographique réalisé dans le cadre du centenaire. Ce film de fiction, inspiré de faits réels, met en scène les femmes qui avaient combattu dans des bataillons spéciaux, faisant preuve de grand courage et d’abnégation au moment le plus désespéré de la guerre, en 1917. Comme le souligne par ailleurs le producteur, le recours aux personnages féminins doit permettre de montrer cette guerre sans patriotisme protocolaire, « sans canons, mitraillettes ni attaques de cavalerie » (17).

Ces tentatives de trouver des lieux et des personnages pour porter la mémoire de la « guerre oubliée » mériteraient une analyse plus poussée, qui prendrait notamment mieux en compte la composante régionale des processus de mémorialisation, qui se manifeste à travers la recherche des lieux, images ou évènements, capables de servir de passerelle entre l’identité locale et l’histoire de la Première Guerre mondiale. Parfois, de telles tentatives entrent en conflit avec la politique de la mémoire que cherchent à mener les acteurs centraux. Ainsi, la ville de Pskov devint récemment le lieu d’une bataille symbolique autour du futur monument en mémoire de la Première Guerre mondiale. Lors d’une courte visite en décembre 2013, le ministre de la Culture V. Medinski « offrit » à la ville, au nom de la Société d’histoire militaire russe qu’il dirige, un monument « au soldat de la Première Guerre mondiale ». A la même occasion, il désigna l’endroit pour l’installer. Des travaux préparatifs furent immédiatement lancés, afin de pouvoir inaugurer le monument seulement quelques semaines plus tard. Le monument et son emplacement furent néanmoins contestés par les habitants, d’autant plus qu’il existait déjà un autre projet de monument, qu’il était prévu d’ériger ailleurs. Outre sa faible qualité esthétique, parmi les principaux arguments contre le cadeau imposé par Moscou figurent l’emplacement choisi par le ministre qui n’a aucun lien avec l’histoire locale de 1914-1918 (contrairement à l’endroit initialement prévu, situé devant le bâtiment qu’occupait à l’époque l’État-major du front du Nord) et le caractère « artificiel » de ce très gros objet de « propagande » (le monument devrait faire plusieurs mètres de hauteur), incapable, selon ses détracteurs, de susciter des émotions et de créer une identification avec cette mémoire.

Conclusion

L’anecdote du monument au soldat de la Première Guerre mondiale de Pskov renvoie à toute une série de questions et de problèmes propres aux processus de mémorialisation actuellement en cours en Russie.

Elle permet avant tout de mieux comprendre le rôle qu’entend jouer l’État dans ce processus. Depuis deux ou trois ans, les organes centraux et surtout quelques institutions récentes, comme la Société d’histoire militaire russe et la Société d’histoire russe, devenues principaux acteurs de la politique de l’histoire gouvernementale, s’emparent de ce sujet, laissé pendant longtemps à la marge de la vie culturelle et commémorative russe. Dans ces marges, opérait néanmoins un certain nombre d’acteurs : enthousiastes, muséologues, associations, parfois autorités locales (sans parler des historiens professionnels dont je n’ai pas présenté le travail de recherche dans cet article), qui aujourd’hui se réjouissent, mais aussi parfois se méfient de l’attention dont devient subitement objet l’histoire de la Première Guerre mondiale.

Malgré les ressemblances de discours, articulés notamment autour du thème de « devoir de mémoire » envers les soldats morts, et malgré le consensus dont semblent faire objet les valeurs de patriotisme, les sens à donner à la mémoire de cette guerre ne sont pas définis de la même façon par tous les acteurs de la mémorialisation. Faut-il glorifier un État puissant et les combats qu’il avait livrés ? Rendre hommage aux hommes ayant rempli dignement leur devoir ? Pleurer les morts et se souvenir des épreuves qu’ils ont traversées ? Les sens sont multiples, parfois contradictoires, comme peuvent l’être les symboles, lieux, noms et visages susceptibles de les porter. Bien entendu, les moyens – médiatiques, économiques, administratifs – à disposition des divers milieux qui contribuent à façonner cette mémoire, ne sont guère comparables, il n’est donc pas étonnant que la version formulée par Moscou apparaisse comme dominante…

1. Pour une étude détaillée de la mémoire de la Grande Guerre en URSS, en particulier dans les années 1920-1930, voir : K. Petrone, The Great War in Russian Memory, Indiana University Press, 2011.

2. A. Sumpf, « L’historiographie russe (et soviétique) de la Grande Guerre », Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 22, janvier-avril 2014 [en ligne : www.histoire-politique.fr].

3. Sur la notion de la « politique de l’histoire » et sur ce phénomène en Europe de l’Est, voir : M. Lipman et A. Miller (dir.), Istoritcheskaïa politika v XXI veke [La politique de l’histoire au XXIe siècle]), Moscou : NLO, 2012 ; A. Assmann, Der lange Schatten der Vergangenheit – Erinnerungskultur und Geschichtspolitik, C. H. Beck Publishers, Munich 2006 (traduction russe : A. Assmann, Dlinnaïa ten prochlogo: Memorialnaïa koultoura i istoritcheskaïa politika, Moscou : NLO, 2014).

4. N. Koposov, « Pamiat v zakone », Rousski journal [en ligne : http://www.russ.ru/Mirovaya-povestka/Pamyat-v-zakone].

5. Adresse présidentielle à l’Assemblée fédérale, 12 décembre 2012.

6. Voir Françoise Daucé et al. « Les usages pratiques du patriotisme en Russie », Questions de recherche, n° 32, CERI – Sciences Po, juin 2010.

7. http://histrf.ru/ru/rvio/rvio/materiali-syezda/item-47.

8. « Consignes méthodologiques relatives à la réalisation du projet panrusse pour les jeunes ‘Grande Guerre oubliée’ », présenté par les agences fédérales Rosmolodej et Rospatriotcentr [en ligne sur le site du projet : http://1914-18.ru/].

9. Portail du Ministère de la Culture de Russie : http://culture.ru/press-entre/10240?category=news.

10. Sténogramme de la session finale du Club de Valdaï, 19 septembre 2013 [en ligne : http://kremlin.ru/transcripts/19243].

11. Page d’accueil de la Société d’histoire militaire russe, consultée le 26 mai 2014 [http://histrf.ru/ru/rvio].

12. Si en 1939, la Prusse-Orientale comptait autour de 2200 lieux d’enterrement (dont 500 tombes individuelles), il en restait 1200 en 1945. En 2011, l’un des spécialistes dénombrait environ 66 monuments et 70 lieux d’enterrement collectif (К. Pakhaliouk « Zakhoronenia i pamiatniki Pervoï mirovoï voïny na territorii Kaliningradskoï oblasti » [Lieux d’enterrement et monuments de la Première Guerre mondiale dans la région de Kaliningrad], Voïennaïa arkheologuia, 2011, n°6, p. 52 -59 [en ligne : http://www.august-1914.ru/pahalyk.html].

13. Déroulement du concours et présentation des projets : http://1914.histrf.ru/monument/voting/. Les résultats de ce vote, soupçonné par ailleurs de fraude, n’ont pas eu d’effet sur la désignation du vainqueur par un jury de spécialistes : http://zemskiy-sobor.livejournal.com/38469.html et http://lenta.ru/news/2013/09/18/monument/.

14. Le « Monument aux Héros de la Première Guerre mondiale » a été officiellement inauguré le 1er août 2014 au Parc de la Victoire à Moscou.

15. Vetcherniaïa Moskva, 18 septembre 2013 [en ligne : http://vm.ru/news/2013/09/18/skulptor-andrej-kovalchuk-geroj-moego-pamyatnika-ne-proigral-vojnu-emu-prosto-prikazali-iz-nee-vijti-214427.html].

16. Cf. la polémique autour de la plaque commémorative à l’hommage du général Drozdovski, inaugurée en janvier 2014 à Rostov-sur-le-Don : http://izvestia.ru/news/563742.

17. V. Sokirko, I. Stoulov, « Pamiati Pervoï mirovoï » [À la mémoire de la Première Guerre mondiale], Portail du Ministère de la Culture de Russie, 27 décembre 2013 [en ligne : http://portal-kultura.ru/articles/country/23835-pamyati-pervoy-mirovoy/?print=Y&print=Y&CODE=23835-pamyati-pervoy-mirovoy].

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