La réforme des retraites en Russie
Ces derniers temps, le système de retraites a subi nombre de réformes diverses, visant essentiellement à remédier au principal problème : le déficit du budget de l’État. Ce dernier est dû à la crise économique prolongée : les montants transférés dans le fonds de retraites ne suffisent pas, en effet, à couvrir toutes les dépenses.
On peut situer le début de la réforme du système de retraites en Russie en 2002, date à laquelle, en vue d’augmenter la part de l’épargne, le principe de solidarité qui prévalait dans le système russe a été remplacé par un principe mixte de répartition-capitalisation. À partir de 2004, on voit se développer activement le marché des fonds de pension privés. Et, depuis 2008, l’État soutient l’épargne retraite.
Les réformes entreprises dans les années 2013-2015 ont induit une nouvelle forme de calcul des pensions, qui prend en compte les annuités, le salaire et l’âge de départ à la retraite. Les cotisations, qui garantissent par la suite une pension, sont versées à la Caisse de retraites par l’employeur à hauteur de 22 %, dont 16 % servent à la constitution d’une garantie de retraite (principe de solidarité), et 6 % à une capitalisation (ils sont réservés actuellement aux retraites par capitalisation, aux termes du moratoire en vigueur sur le calcul de l’épargne retraite) (tableau 2).
Il existe, par ailleurs, un système de retraite privé, permettant des abattements supplémentaires à la fois pour l’employeur et pour l’employé.
La part assurance est calculée non en roubles, comme la capitalisation, mais sous forme de coefficients ou de points de retraite. Au moment où l’employé fait valoir ses droits à la retraite, ceux-ci sont « reconvertis » en roubles. La valeur du point de retraite est fixée annuellement par le gouvernement. En 2019, elle est de 87,24 roubles. Pour toucher cette retraite, il convient d’avoir travaillé au moins quinze ans et accumulé un minimum de trente points (pour un départ à la retraite en 2025) (3). Si le nombre de points ou d’annuités est inférieur à cette norme, le retraité touchera une pension sociale de l’État.
Il en ressort que, sur la base de la réforme actuelle, les individus nés en 1967 et après ont désormais le droit de décider de l’emploi de ce qu’ils ont capitalisé pour la retraite. La capitalisation se fait, depuis 2014, sur la base du volontariat, l’employé peut s’y refuser au profit de l’assurance retraite. Néanmoins, dans les années 2014-2016, la possibilité de compléter son capital a été stoppée, ce qui a suscité un certain mécontentement.
Les réformes du système de retraites visant à augmenter l’âge de départ représentent un bloc à part. Cette question a été abordée épisodiquement, sans, toutefois, que des informations précises sur la mise en œuvre de la réforme soient divulguées ; quant à son application, elle a été repoussée de toutes les façons. C’est pourquoi, quand des mesures radicales ont finalement été prises en 2018, la réforme pour relever l’âge de la retraite a eu un effet négatif sur la population. En se fondant sur l’expérience d’autres pays, de nombreux experts estiment que ni le marché du travail – les gens d’un certain âge ont du mal à trouver un emploi, il faudra donc leur payer, au lieu d’une pension, une allocation chômage, ce qui n’améliorera pas le budget – ni les indicateurs sociologiques et démographiques n’y incitent.
Le délai prévu pour modifier l’âge de départ est long ; il court du 1er janvier 2019 à l’année 2028. Il en ressort que l’âge de départ à la retraite passera de soixante à soixante-cinq ans pour les hommes en 2028, et de cinquante-cinq à soixante ans pour les femmes en 2034. Ajoutons qu’à l’heure actuelle, l’espérance de vie, en Russie, est de 66,5 ans pour les hommes et de soixante-dix-sept ans pour les femmes. De plus, les salariés appelés à prendre leur retraite en 2019-2020 auront droit à un avantage particulier : ils pourront partir six mois avant la nouvelle limite. Par exemple, une personne qui doit prendre sa retraite en janvier 2020, le pourra dès juillet 2019.
Résultats des réformes et conclusions
Ainsi, au cours de la réforme, le système de retraites de la Fédération de Russie a acquis une structure à trois niveaux (une partie solidaire, qui prévoit le versement d’une somme fixe ; une partie d’épargne retraite obligatoire, avec des points ; enfin, une partie basée sur le volontariat, dans laquelle l’État n’est pas impliqué, fondée sur le principe de defined contribution). La suite des réformes prévoit de consolider l’ensemble du système et d’augmenter la part de l’épargne retraite.
Toutefois, à l’heure actuelle, on ne saurait qualifier le système russe de retraites de financièrement stable et autonome, en raison de la situation démographique, de la dynamique des dépenses prévues à l’horizon 2050, de la forte dépendance des recettes budgétaires et des cotisations, de l’utilisation de tous les fonds de la Caisse de retraites pour payer les pensions actuelles, des faibles actifs du système de retraites et d’une vraisemblable hausse importante du déficit de la Caisse.
Tous ces éléments expliquent la nécessité de poursuivre la réforme du système russe de retraites, fût-ce au prix des mesures impopulaires prises actuellement, afin de parvenir à des résultats positifs sur le long terme.
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1. Le premier niveau est le régime de base, obligatoire pour les employeurs et les salariés qui doivent cotiser. Le deuxième niveau est la retraite d’entreprise, qui dépend de l’employeur, avec la participation éventuelle du salarié, sur la base de conventions collectives, d’accords internes à l’entreprise ou d’accords de branches. Le troisième est individuel : le salarié épargne personnellement pour sa retraite.
2. E. Zabolotski, « Opyt reformirovania pensionnykh sistem stran Evropeïskogo soïouza i vozmojnosti ego ispolzovania v Rossii » [L’expérience des pays de l’Union européenne dans la réforme des systèmes de retraite et les possibilités de s’en inspirer en Russie], Vestnik Sankt-Peterbourgskogo ouniversiteta. Série 5, Ekonomika, n° 3, 2017.
3. http://www.pfrf.ru/grazdanam/pensions/kak_form_bud_pens/