Rosatom a conclu des contrats exports, y compris avec des pays relevant de la « sphère d’influence » occidentale et qui pouvaient être réticents (pour des raisons liées à l’histoire) à coopérer avec la Russie dans un domaine aussi stratégique pour la souveraineté nationale.
- Réacteurs de Paks (Hongrie) : le site est déjà équipé de quatre réacteurs VVER de 440 MW construits du temps de l’Union soviétique. En janvier 2014, la Hongrie a passé commande à Rosatom de deux réacteurs VVER de 1 200 MW pour 12,5 milliards d’euros, avec un prêt accordé par l’État russe à hauteur de 80 % de la somme. Les tranches seront installées au même endroit, à proximité du Danube, et les travaux ont commencé dès l’année suivante.
- Réacteur de Hanhikivi (Finlande) : en 2013, l’entreprise finlandise Fennovoima et Rosatom ont signé un contrat portant sur la construction d’un réacteur de 1 200 MW pour 6 milliards d’euros. Le marché était réputé imprenable par les Russes, mais les sociétés occidentales ont été écartées (les déboires rencontrés dans la construction de l’EPR d’Olkiluoto expliquant sans doute ce choix). Le chantier pourrait débuter en 2018.
- Réacteurs d’Akkuyu (Turquie) : dans le passé, l’équipement nucléaire du site d’Akkuyu a fait l’objet de nombreux projets, tous abandonnés, par les sociétés tant occidentales que chinoises. Finalement, c’est Rosatom qui l’a emporté en 2010 après avoir présenté un schéma original de BOO (Build-Own-Operate) pour la construction de quatre réacteurs sur la côte méridionale turque. Le gouvernement russe s’est porté garant du financement de l’opération pour la presque totalité des 25 milliards d’euros et Rosatom en assurera l’exploitation. On remarquera également que le projet n’a jamais été menacé, en dépit des tensions survenues entre les deux pays à propos de la Syrie. Ceci n’est pas sans évoquer la poursuite du bon fonctionnement du chantier de Daya Bay en Chine par les groupes français (Framatome, EDF, Alstom, Campenon-Bernard) lors de la crise de Tienanmen en 1989.
À l’opposé, on peut observer que le projet de construction de deux réacteurs de 1 200 MW au Vietnam, pays politiquement proche de la Russie, a été abandonné fin 2016. Des raisons économiques semblent être à l’origine de cette décision, le projet ayant apparemment été définitivement remisé.