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A) Politique étrangère & défense

Igor Delanoë Igor Delanoë
11 novembre 2017

Moyen-Orient : le chemin de la puissance russe ?

Le Moyen-Orient a continué, en 2016, d’occuper une place de choix dans l’agenda international russe. Alors que sur le plan intérieur la Russie poursuivait sa lente extirpation de la crise économique, sur le plan extérieur le front ukrainien demeurait relativement stable sans néanmoins ouvrir une quelconque perspective de levée – même partielle – des sanctions occidentales qui pèsent sur Moscou. Dans ce contexte, la crise syrienne a de nouveau offert aux Russes une profondeur stratégique, d’autant plus qu’ils y ont consolidé leur position d’acteurs incontournables, aidés en cela par les flottements de Washington, puis par la transition politique aux États-Unis. Parallèlement à une séquence militaire plutôt réussie, le Kremlin s’est engagé dans un cycle diplomatique avec la Maison-Blanche en vue de conclure un accord politique visant à régler la crise. Si ce travail n’a pas abouti avec l’administration Obama, il n’aura pas été totalement vain – le vote de la résolution 2254 en décembre 2015 constitue un succès – ; il aura cependant mis en évidence les limites du couple américano-russe, qui vole en éclats face à l’épisode dramatique de la bataille d’Alep (automne 2016).

Ce naufrage diplomatique permet néanmoins l’émergence d’un nouveau cadre multilatéral régional chapeauté par le « triangle » que forment la Russie, la Turquie et l’Iran. Le hiatus russo-turc né en novembre 2015, seule véritable ombre au tableau de l’intervention russe en Syrie, s’est en effet réglé au cours de l’été 2016, ouvrant la voie à un rapprochement tactique entre Moscou et Ankara dans le Nord de la Syrie, qui aide notamment à mettre un terme au siège d’Alep est. Cherchant à capitaliser sur sa réinsertion réussie sur la scène stratégique moyen-orientale, la Russie a par ailleurs poursuivi son travail d’élargissement du dialogue avec les pays du Golfe tout en étoffant ses liens avec Téhéran noués autour de la Syrie. L’économie n’est pas en reste : Moscou dispose d’une marge de progression considérable sur la scène économique moyen-orientale. Les modalités selon lesquelles le Kremlin poursuit son retour dans la région nous livrent ainsi en filigrane les grands principes qui semblent y fonder son action. Enfin, alors que la crise syrienne n’en finit plus et que l’avènement de l’administration Trump ouvre une période d’incertitude, la Russie défriche déjà de nouveaux horizons en Libye, afin de consolider son empreinte stratégique au Moyen-Orient.

Quelques principes de l’action de la Russie au Moyen-Orient

La Russie envisage le Moyen-Orient à travers le prisme de la géopolitique. Vu de Moscou, le chaos qui se diffuse dans la région est le produit de la recomposition du système international, qui, d’unipolaire, évolue vers un ordre multipolaire. Or, la région moyen-orientale souffre d’un déficit de leadership et de l’absence d’une architecture de sécurité qui l’empêche d’incarner un pôle au sein de ce schéma mondial en mutation, tandis que plusieurs concurrents (Turquie, Iran, Arabie saoudite, État islamique) s’affrontent pour y asseoir leur influence. Face au désordre engendré par cette lutte, les États constituent, selon Moscou, le dernier rempart face à la diffusion du chaos, et c’est donc en force conservatrice que la Russie est intervenue en Syrie afin d’y préserver les structures étatiques de sa « fenêtre » sur le Moyen-Orient. En vertu de cette approche, la question de la démocratisation s’efface devant la primauté de la stabilité et de l’ordre. Les puissances non-régionales (Russie, États-Unis) continuent de jouer un rôle exagérément central en matière de sécurité, ce qui illustre l’incapacité des acteurs régionaux à apporter des solutions aux défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés. Au demeurant, il s’agit là d’une forme de continuité historique puisque depuis l’effondrement de l’Empire ottoman, la scène sécuritaire régionale a été façonnée par des acteurs étrangers (Sykes-Picot, bipolarisation du Moyen-Orient pendant la « guerre froide », puis Pax americana post-1991).

Même si la crise syrienne a mis en lumière l’intérêt porté par Moscou au Moyen-Orient, il convient de ne pas surestimer la place occupée par cette région au sein des priorités russes en matière de politique étrangère. Le document stratégique intitulé : « Concept de politique étrangère de la Fédération de Russie », publié le 30 novembre 2016, place assez classiquement « l’étranger proche », de même que l’espace formé par la Communauté des États indépendants (CEI) et l’Union économique eurasiatique (UEEA) au cœur des intérêts vitaux russes. Viennent ensuite les défis découlant des relations qu’entretient Moscou avec l’Occident, puis les nouveaux enjeux liés à l’Arctique et à la zone Asie-Pacifique, enfin le Moyen-Orient, auquel sont consacrés six articles sur les cent huit que comporte le document (1). Il n’en demeure pas moins que l’importance accordée par le Kremlin à la scène moyen-orientale s’est considérablement accrue depuis le début des années 2010, à la faveur du double contexte des « printemps arabes », d’une part, et de la détérioration des liens entre la Russie et la communauté euro-atlantique, d’autre part. En outre, la réinsertion de Moscou au Moyen-Orient dans le contexte de la crise syrienne est susceptible d’engendrer, à moyen terme, de nouveaux intérêts russes qui viendraient s’ajouter à ceux déjà existants en matière de sécurité et d’économie.

L’action de la Russie au Moyen-Orient ne s’adosse à aucune grande stratégie mais obéit à certains principes. Ainsi, comme en Géorgie (2008) ou en Ukraine (2014), le recours à la force en Syrie avait avant tout pour objectif de prévenir ce qui était perçu au Kremlin comme une défaite géopolitique imminente (en l’occurrence, la disparition de son allié à Damas, qui, en septembre 2015, paraissait inéluctable à court terme). Pour répondre à ce défi, la Russie a noué des liens avec l’Iran dans la mesure où les deux acteurs disposent de convergences relatives en Syrie. Il s’agit d’un autre principe d’action russe qui paraît émerger au Moyen-Orient : nouer des liens tactiques qui s’inscrivent plus dans le cadre d’une relation transactionnelle que dans celui d’un engagement authentique au sein d’une alliance durable basée sur la confiance. La normalisation des relations avec Ankara a d’ailleurs donné lieu à une déclinaison de ce principe au Nord de la Syrie. Le fait que la Russie ne pratique pas de jeu à somme nulle au Moyen-Orient – autre grand principe de son action dans la région depuis 1991 – facilite son rapprochement circonstancié avec des acteurs régionaux que, parfois, tout semble opposer (Iran/Israël, Turquie/Kurdes). Dans le cas de l’Iran, cette entente repose en outre sur l’existence d’un narratif commun auquel la Syrie a fourni un champ d’expression. Vu de Moscou et de Téhéran, le phénomène des « printemps arabes » s’apparente à une forme de « changement de régime » qui a surtout ouvert la voie à l’interventionnisme occidental au Moyen-Orient et contribué à alimenter l’instabilité sur laquelle prolifère l’islamisme radical d’obédience wahhabite. Russes et Iraniens partagent ainsi une grille de lecture où l’ordre et le chaos sont les deux principales entrées. Cette hostilité partagée face aux « printemps arabes » est renforcée par le fait que Moscou et Téhéran estiment avoir été l’objet d’une tentative de changement de régime, en 2009 en Iran et en 2012 en Russie (2), qu’elles présentent comme ayant été orchestrée par les Occidentaux. Leurs critiques se rejoignent enfin dans leur dénonciation de « l’occidentalisation » d’un corpus de valeurs présentées comme universelles par les Occidentaux et qui sert de socle à leur interventionnisme, notamment au sein de ce qu’elles considèrent comme leur aire civilisationnelle (3). La crise syrienne cristallise ces frustrations partagées et l’intervention militaire russe de septembre 2015 avait ainsi pour but non seulement d’empêcher un nouveau changement de régime, mais aussi de faire prévaloir le narratif irano-russe sur celui des Occidentaux.

Syrie, An II

Le succès rencontré jusqu’à présent par la Russie sur le dossier syrien s’explique par le champ limité des objectifs qu’elle s’était fixés. Son intervention militaire visait à empêcher l’effondrement du régime syrien en consolidant ses propres positions au sein de son fief côtier et damascène. En d’autres termes, si dans les années 1970 et 1980 l’ensemble de la Syrie était une platzdarm soviétique, aujourd’hui le « protectorat militaire » russe s’étend seulement à une partie de la « Syrie utile ». Cette empreinte militaire a vocation à durer : Moscou et Damas ont signé en 2016 une série d’accords qui actent la présence des forces russes dans le port de Tartous pour quarante-neuf ans et sur la base aérienne de Hmeimim pour une durée indéfinie. Sur le plan politique, à défaut d’avoir réussi à forger une alliance internationale unique contre le terrorisme, Moscou a instauré un tandem diplomatique avec Washington et ranimé le processus de Genève. Toutefois, aux phases de discussions stériles succèdent les séquences d’escalade militaire qui, à la fin de 2016, ont globalement profité au régime syrien. Le siège d’Alep est constitue à ce titre une défaite stratégique pour l’opposition dite modérée, qui voit son poids politique et militaire sévèrement compromis et la première victoire militaire majeure du régime après six années de conflit. La normalisation des relations russo-turques, d’une part, et l’échec du tandem américano-russe, d’autre part, favorisent le déplacement du centre de gravité diplomatique vers un format plus régional, consacré par la réunion tripartite qui se tient à Moscou le 20 décembre 2016 et qui voit le triangle Russie-Iran-Turquie s’emparer du processus de résolution de la crise. La Russie continue de travailler activement avec la Jordanie et pourrait chercher à rééditer avec le royaume hachémite, dans le Sud de la Syrie, la coopération transfrontalière qu’elle a mise au point avec la Turquie dans le Nord du territoire syrien, afin de couper les lignes d’approvisionnement des rebelles.

Si des opérations militaires se poursuivent, c’est sur le front diplomatique que la bataille s’annonce rude. La Russie fait aujourd’hui face à une série de défis qu’elle devra relever au cours de la deuxième année de sa campagne syrienne. Il lui faudra tout d’abord démontrer qu’elle est une véritable force de proposition pour la résolution politique du conflit en parvenant à mettre au point un accord acceptable par toutes les parties. À cet égard, la nouvelle version du projet de constitution élaborée par Moscou pour la Syrie et présentée à Astana en janvier 2017 a reçu un accueil peu enthousiaste de la part de nombreux acteurs. L’opposition armée et la Turquie voient d’un mauvais œil l’omission de la charia comme source de loi, l’abandon de la mention de l’arabité de la République syrienne et la reconnaissance de l’existence d’une entité kurde, tandis que l’Iran n’apprécie guère la décentralisation de l’État syrien mise en exergue. Puissance étrangère au Moyen-Orient, la Russie cherche à éviter la chausse-trappe religieuse. Si le Kremlin est habilement parvenu jusqu’à présent à ne pas se faire happer par le conflit religieux qui ensanglante le « Syrak », il a tout à perdre à passer pour une puissance laïcisante qui chercherait à séculariser le paysage politique syrien. Il continue de jouer une partie délicate, consistant à ne pas prêter le flanc aux reproches d’avoir pris fait et cause pour les chiites contre les sunnites en cultivant ses liens avec les pétromonarchies du Golfe, l’Égypte ou encore la Jordanie. Par ailleurs, l’affichage religieux orthodoxe dont font montre occasionnellement les dirigeants russes permet aussi de réfuter l’argument selon lequel la Russie est une puissance séculière qui chercherait à laïciser la Syrie. La promotion d’un modèle d’État laïc est contre-productive dans une région traversée par une vague de désécularisation ; aussi Moscou présente-t-elle avant tout son projet de constitution syrienne comme devant susciter des discussions entre des parties qui refusent de se parler. Le Kremlin prétend ici mobiliser son expérience acquise dans la régulation de conflits ethno-confessionnels dans le Caucase et rappelle que la Russie est un pays où coexistent pacifiquement les trois religions monothéistes ainsi que près de cent cinquante nationalités.

Le troisième défi auquel fait face la Russie est celui des modalités de sa contribution au Nation Building de la Syrie post-conflit. À la différence de la Libye, où les structures étatiques ont été démantelées de l’extérieur, la Russie s’est impliquée pour préserver l’État central syrien. Toutefois, cet État est aujourd’hui en crise, avec des institutions gouvernementales considérablement affaiblies ; il souffre d’un profond déficit de confiance dans la population. L’élaboration d’une constitution acceptée par les parties, toute compliquée qu’elle apparaisse, n’est pas une fin en soi. La reconstruction du pays et le chantier du contrat social syrien vont de pair. Rien que pour les quatre dernières années, les destructions occasionnées par les combats en Syrie et en Irak représentent entre 600 milliards et 1 000 milliards de dollars. Si le conflit prenait fin en 2017, il faudrait investir près de 200 milliards de dollars sur dix ans pour ramener la Syrie au niveau de développement qui était le sien à la veille de l’insurrection de 2011. Les dégâts en capital humain se chiffrent, quant à eux, à 1 000 milliards de dollars. Autrement dit, le pays a perdu dix-sept ans en matière de développement (4). Quelle sera la place de Moscou dans sa reconstruction, compte tenu de ses ressources financières limitées ? La Russie pourrait prendre part à des chantiers situés dans des zones relevant de sa « sphère d’influence » dans la Syrie post-conflit. Elle pourrait aussi contribuer à un hypothétique plan de reconstruction nationale mis au point et financé par la banque des BRICS. Toutefois, ce sont bien la Chine et les pétromonarchies du Golfe qui disposent de la force de frappe financière nécessaire à la restauration du pays. Le Qatar serait aussi en mesure de financer des projets d’infrastructures, sur le modèle de ce qu’il a fait au Liban, ou le type de projets énergétiques gaziers qu’il réalise dans la bande de Gaza et qui se limiteraient aux zones à majorité sunnite.

Quels nouveaux horizons ?

Dans une région qui traverse une crise du leadership, il ne faut pas exclure que le règlement de la crise syrienne par le tandem américano-russe puisse engendrer de nouvelles dynamiques susceptibles de se diffuser à d’autres dossiers (conflit israélo-palestinien, Libye, Yémen…). La Russie joue un rôle discret sur le dossier yéménite, qui reste un conflit d’une importance supérieure à celui de Syrie pour les pays arabes du golfe Persique avec lesquels Moscou poursuit un dialogue constructif. Les critiques émises par le Kremlin ont principalement porté sur les aspects humanitaires de la crise, la Russie ne souhaitant pas donner l’impression de soutenir l’agenda iranien dans la région du Golfe, au grand dam de Téhéran. La diplomatie russe travaille activement, depuis son poste de Riyad, à la levée du blocus naval et aérien qui touche le Yémen et qui est mis en œuvre par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite. Au cours de l’année 2016, le Kremlin a, en outre, réinvesti le dossier libyen. Moscou a annoncé qu’elle souhaitait contribuer au maintien de l’intégrité territoriale du pays et à la réconciliation intra-libyenne en favorisant le dialogue entre le gouvernement de Tripoli et les forces du maréchal Haftar, qui s’est rendu dans la capitale russe à deux reprises en 2016. Si les experts russes semblent voir dans Haftar un nouvel homme fort appelé à jouer un rôle de premier plan dans l’avenir du pays, la visite du Premier ministre Fayez el-Sarraj à Moscou, au début du mois de mars 2017, démontre non seulement que la Russie a acquis un certain poids sur le dossier, mais aussi qu’elle maintient, en Libye comme ailleurs au Moyen-Orient, le dialogue avec toutes les parties en conflit. Il s’agit pour le Kremlin de mobiliser son influence acquise en Syrie pour contribuer au dénouement d’un dossier sécuritaire de première importance qui affecte ses partenaires égyptien et algérien. Moscou, Le Caire et Abu Dhabi convergent sur un certain nombre de points de la question libyenne, ce qui permet à la Russie de densifier ses relations avec des pays arabes sunnites. Le Kremlin souhaite par ailleurs s’aménager une place sur le futur chantier de reconstruction de la Libye, où il compte décrocher des contrats pour des entreprises russes en vue de grands projets d’infrastructures. L’équipement de l’armée nationale libyenne où, traditionnellement, les armuriers russes jouent un rôle de premier plan, constitue un autre marché de choix. De plus, alors que les Européens semblent durablement écartés du volet diplomatique de la crise syrienne, il s’agit aussi pour Moscou d’acquérir un nouveau levier sur un dossier très sensible pour Bruxelles (flux migratoire, réserves énergétiques).

Si l’avènement de l’administration Trump soulève de nombreuses questions sur les inflexions de la politique américaine au Moyen-Orient, il a cependant suscité un certain enthousiasme dans des pays arabes du golfe Persique ainsi qu’en Israël, déçus de l’ère Obama. L’hostilité dont fait preuve le nouveau président américain à l’égard du régime iranien et sa volonté affichée d’abattre le terrorisme islamiste pourraient le conduire à se rapprocher de Moscou. Toutefois, il est peu probable que le Kremlin prenne part à un éventuel néo-containment organisé par la Maison-Blanche, les pétromonarchies du Golfe et l’État hébreu en vue de limiter l’influence iranienne au Moyen-Orient. La Russie s’y retrouverait en position de Junior Partner des Américains. En outre, une telle participation contreviendrait au grand principe du refus du jeu à somme nulle qui a orienté l’action de Moscou dans la région depuis 1991.

Conclusion

Au cours de l’année 2016, la Russie est parvenue à accroître considérablement son engagement en Syrie en transcendant son rôle de soutien du régime de Damas. Elle est désormais un acteur clef des processus diplomatiques de Genève et d’Astana, où sa capacité élargie de dialogue est mobilisée et testée. Espérée par certains, redoutée par d’autres, une entente russo-américaine – rendue possible par l’avènement de l’administration Trump – pourrait se révéler déterminante pour l’issue du dossier syrien ; c’est en tout cas une vision assez largement partagée à Moscou. Cette entente serait alors en mesure d’impulser une dynamique nouvelle à d’autres grands dossiers qui attendent d’être résolus (Israël-Palestine, Libye, Yémen…), mais pour lesquels Russes et Américains devraient prendre garde à ne pas donner l’impression de forger des deals sur le dos des acteurs régionaux. Au demeurant, si le Kremlin retire des dividendes indiscutables en terme d’influence et de prestige de ses succès en Syrie, il lui sera de plus en plus difficile, à moyen terme, de maintenir une forme de parité dans le dialogue avec autant d’acteurs aux intérêts divergents, voire opposés. Son engagement syrien est en effet susceptible de favoriser l’émergence d’intérêts nouveaux au Moyen-Orient, liés à la place de garant de la sécurité que la Russie acquiert progressivement sur la scène sécuritaire régionale.

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1. Le document reste en ceci fidèle aux priorités énumérées dans la précédente version datant de 2013. « Concept de politique étrangère de la Fédération de Russie (approuvé par le président russe Vladimir Poutine le 30 novembre 2016) », disponible sur le site du ministère russe des Affaires étrangères : http://www.mid.ru/foreign_policy/news/-/asset_publisher/cKNonkJE02Bw/content/id/2542248?p_p_id=101_INSTANCE_cKNonkJE02Bw&_101_INSTANCE_cKNonkJE02Bw_languageId=fr_FR

2. L’élection du président Ahmadinedjad est contestée en 2009 et, à Moscou, des rassemblements se tiennent sur la place Bolotnaïa pendant l’hiver 2012 pour dénoncer le résultat des élections législatives.

3. Sergueï Lavrov déclarait ainsi, dans une interview accordée le 27 décembre 2016 à l’agence de presse Interfax : « [L’Irak et la Libye], tout comme la Syrie, ont été victimes de manœuvres d’“ingénierie géopolitique”, d’actions à courte vue et souvent intéressées, visant à faire tomber des régimes indésirables, à imposer ses modèles de développement et ses valeurs sans tenir compte des traditions et des particularités nationales. » 4. Estimations de la Banque mondiale citées par les experts du Club de Valdaï, février 2017.