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A) Politique intérieure & société

Clémentine Fauconnier Clémentine Fauconnier
1 décembre 2021

Panorama de la scène politique russe

L'année 2020-2021 a placé la Russie sur le devant de la scène en raison notamment des rebondissements de sa vie politique intérieure. La tentative d’empoisonnement d’Alexeï Navalny, le 20 août 2020, a conféré à l’opposant russe une renommée internationale, tout comme son arrestation, son procès et son incarcération juste après son retour à Moscou, au début de l’année 2021. Ces événements ont suscité d’importants mouvements de protestation à travers la Russie, suivis d’une réaction vigoureuse de la part des dirigeants, le tout exacerbé par la perspective des élections législatives. Le contraste ne cesse de s’accentuer entre, d’une part, les tensions sociales et politiques des derniers mois, d’autre part, la stabilité d’une offre politique maintenue sous un étroit contrôle. La prise en compte de la dynamique de long terme qui affecte l’offre politique ces dernières années permet en outre d’observer les réajustements constants effectués par les dirigeants pour maintenir la hiérarchie entre les différents partis, ainsi que le rôle crucial joué par la législation électorale dans ces processus.

Russie unie : popularité en berne, succès électoraux en hausse

Le parti du pouvoir, qui fêtera son vingtième anniversaire le 1er décembre 2021, continue de dominer le paysage politique, en détenant l’écrasante majorité des mandats à tous les niveaux. Plus des deux tiers des sénateurs, des députés à la Douma et dans les parlements régionaux, des gouverneurs et des membres du gouvernement ont, en effet, été désignés ou élus avec le soutien du parti. À l’issue des élections législatives de 2016, Russie unie a obtenu son meilleur score depuis sa création, avec près de 75 % des sièges à la Douma. Ce record doit cependant beaucoup à la chute, également historique, du taux de participation, passant pour la première fois sous la barre des 50 % et permettant au parti d’obtenir les trois quarts des mandats de députés avec à peine un quart des voix de l’ensemble des électeurs inscrits.

À la veille du scrutin, la popularité du parti de Poutine se situait dans sa fourchette basse. Dans l’enquête d’opinion réalisée par le Centre Levada au mois de mars 2021, les intentions de vote en faveur de Russie unie étaient de 27 %, soit le score le plus faible de ces cinq dernières années (1). L’évolution des motivations affichées par les citoyens interrogés est également riche d’enseignements. En 2016, la première raison invoquée était le soutien aux dirigeants du parti – il s’agit de Dmitri Medvedev depuis 2012 (40 % parmi les sondés s’apprêtant à voter pour Russie unie). Ce nombre descend à 24 % en 2021, avec une justification beaucoup plus conservatrice – « je soutiens ce parti depuis longtemps » – qui passe de 22 à 39 % (2). En 2021 comme en 2016, c’est un argument légitimiste qui arrive en seconde position (27 % à chaque fois) : « c’est le parti le plus fort, la majorité le soutient ».

La vie interne du parti est marquée depuis quelques années par une grande stabilité, contrairement aux programmes et innovations de la seconde moitié des années 2000. Cependant, la perspective des élections législatives a donné lieu à la décision inédite de proposer cinq noms au sommet de la liste électorale, divisée en parties fédérale et régionales. En 2007, c’était Vladimir Poutine lui-même qui avait conduit la liste, relayé en 2011 et 2016 par Dmitri Medvedev. À l’issue de la première étape du XXe congrès de Russie unie, qui s’est tenu le 19 juin 2021, le chef de l’État – qui n’est pas formellement membre de l’organisation – a proposé, cette fois, de mettre en avant ces cinq personnes, et non le président ou le Premier ministre en exercice. Ont ainsi été désignés le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Denis Protsenko, médecin-chef d’un hôpital moscovite qui s’est particulièrement illustré dans la lutte contre la COVID, Elena Chmeleva, dirigeante de la fondation « Talent et succès » à destination des enfants doués, et Anna Kouznetsova, déléguée aux droits des enfants auprès du président de la Fédération de Russie. Abondamment commentée, l’absence de Dmitri Medvedev à la tête de la liste a été interprétée comme un signe supplémentaire de disgrâce, après son éviction du poste de Premier ministre en janvier 2020.

Défini comme « représentant les orientations de développement les plus importantes pour le pays », l’assortiment de candidats combine deux fondamentaux parmi les préoccupations mises en avant par le pouvoir russe et susceptibles de trouver un écho favorable dans la population. Il s’agit, d’une part, des hard politics incarnées par les figures anciennes et respectées que sont Lavrov et Choïgou, avec, sachant leurs portefeuilles ministériels respectifs, un fort accent sur l’international. D’autre part, l’accent est mis sur les enjeux sanitaires et sociaux via des figures issues de la société civile, en particulier des figures féminines étroitement liées à la question des enfants, et par extension de la famille, thème cher aux représentants du parti du pouvoir depuis une décennie.

Le maintien du statu quo pour l’opposition parlementaire

Depuis le milieu des années 2000, on désigne couramment par l’expression « partis de l’opposition parlementaire » les trois organisations, autres que Russie unie, disposant d’un groupe à la Douma. Il s’agit du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF), du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) et de Russie juste-pour la Vérité (3). Acceptés par le pouvoir en tant qu’opposition dite « constructive », ils représentent des niches programmatiques distinctes de Russie unie, sans être en mesure de constituer de réelles alternatives, en l’absence notamment d’un leader qui pourrait apparaître comme potentiellement présidentiable. S’ils peuvent dans certains cas exprimer de réelles protestations, leur statut leur permet de bénéficier d’avantages institutionnels qui, à la fois, les rendent partiellement loyaux envers le régime et les discréditent aux yeux de l’opposition dite « hors système ». Pourtant ils se voient, depuis l’émergence sur la scène politique russe d’Alexeï Navalny, au cœur d’un nouvel enjeu, puisque celui-ci a commencé, dès les législatives de 2011, à appeler à voter pour n’importe quel parti de l’opposition parlementaire, afin de faire baisser les scores de Russie unie. Depuis 2018, la systématisation de cette stratégie, désormais qualifiée de « vote intelligent », consiste à inciter les électeurs à voter pour le candidat d’opposition – quelle qu’elle soit – dont les intentions de vote sont les plus élevées afin de faire perdre des mandats au parti du pouvoir. À quelques exceptions près, ces partis, mieux placés que les autres organisations d’opposition dans les luttes électorales, mais dans une position ambivalente vis-à-vis tant du pouvoir que des protestataires, n’ont pas vu leur nombre de mandats augmenter significativement grâce à la stratégie du vote intelligent. Dans certains cas, les bons scores obtenus, par exemple par le parti communiste à la Douma de Moscou en 2019, sont revendiqués par les intéressés comme le résultat d’une adhésion à un programme et une campagne, et non comme une sanction vis-à-vis du pouvoir.

Au printemps 2021, les intentions de vote en faveur des partis de l’opposition parlementaire sont respectivement de 12 % pour le LDPR, 10 % pour le parti communiste et 5 % pour Russie Juste (4), ce qui est légèrement en deçà des scores obtenus in fine lors des législatives de 2016. Pratiquement à égalité lors du dernier scrutin législatif, le parti communiste et le LDPR sont désormais dans une relation de rivalité de plus en plus serrée pour obtenir la place de parti n°2 au scrutin proportionnel. En revanche, le parti communiste garde son avance en termes de mandats en raison d’un plus grand nombre de sièges détenus dans les parlements régionaux. Dans l’enquête du Centre Levada citée plus haut sur l’image des partis parlementaires auprès de l’opinion publique russe (5), les sondés déclarant leur intention de voter pour ces partis se disent, pour plus de la moitié d’entre eux, satisfaits de l’action de Vladimir Poutine. Si ce résultat montre le caractère loyaliste non seulement de ces organisations elles-mêmes mais aussi de leurs électeurs, les proportions varient cependant fortement, les chiffres allant de 50 % pour le parti communiste – pour une moyenne nationale à 65 % – à 69 % pour Russie juste. Par ailleurs, les motivations affichées par les personnes interrogées pour justifier leur vote sont très différentes de celles revendiquées par les électeurs de Russie unie. Ainsi, pour le parti communiste, les principales raisons concernent l’adhésion au programme (36 %), l’attachement à l’organisation (31 %) et la conviction que le parti défend les intérêts des électeurs (30 %). Pour le LDPR, la principale raison invoquée, loin devant toutes les autres, est la sympathie pour le leader, à savoir Vladimir Jirinovski (45 %), puis vient l’adhésion au programme (28 %). Pour Russie juste, enfin, ce sont l’adhésion au programme (39 %), la sympathie pour les dirigeants (32 %) et la conviction que le parti défend les intérêts des électeurs (29 %).

Une reconnaissance partielle et sous contrainte pour l’opposition « hors système »

En une décennie le paysage que compose l’opposition dite « hors système » ou « non parlementaire » a considérablement changé. En effet, jusqu’en 2012, l’expression désignait pour l’essentiel l’ensemble des forces politiques qui n’avaient pas accès au statut juridique de parti politique et, à ce titre, ne pouvaient participer aux élections, en raison d’une législation extrêmement contraignante. Elle incluait également trois organisations partisanes enregistrées mais non représentées à la Douma : Iabloko, Patriotes de Russie et Juste cause. Avec les réformes impulsées par Dmitri Medvedev, suite au mouvement de protestation contre les fraudes électorales aux élections législatives de 2011, et l’assouplissement du droit électoral, le nombre de formations enregistrées et, donc, de participants aux scrutins, a fortement augmenté. Si certaines de ces organisations ont pu gagner quelques mandats électoraux dans les scrutins régionaux et locaux, la hiérarchie – l’expression est du politiste russe Vladimir Guelman – entre le parti du pouvoir, l’opposition parlementaire et hors système, demeure.

Parmi les quelques partis parvenus à conquérir des mandats, on peut citer tout d’abord Rodina – d’orientation nationale-patriote – et Plateforme civique – d’orientation libérale-conservatrice –, qui sont les seuls à disposer chacun d’un siège à la Douma depuis les élections législatives de 2016. Ils sont tous deux, par ailleurs, loyaux envers Vladimir Poutine dont ils ont soutenu la candidature à la présidentielle de 2018. Lors du jour unique d’élection du 13 septembre 2020, trois organisations se sont illustrées en franchissant, dans certaines régions, le seuil de représentativité au scrutin de liste : le Parti des retraités pour la justice sociale, ainsi que les partis « Les Hommes nouveaux » et « Alternative verte ».

Si l’offre partisane est plus diversifiée et fragmentée qu’au début de la décennie 2010, avec trente-deux organisations enregistrées officiellement au ministère de la Justice en juillet 2021, les contraintes administratives demeurent des instruments pour maintenir dans la marginalité les formations indésirables. C’est le cas notamment du parti d’Alexeï Navalny, fondé en 2012 sous le nom d’« Alliance populaire », puis rebaptisé en « Parti du progrès » en 2014, enfin, depuis 2018, « La Russie du futur ». Malgré de très nombreuses tentatives, le parti se voit systématiquement refuser l’enregistrement, sous divers prétextes, tels que l’existence d’une autre organisation du même nom. Il existe en effet, depuis avril 2021, une organisation spoïler – en référence à la technique utilisée dans les campagnes électorales, consistant à présenter un candidat portant le même nom qu’un opposant pour semer la confusion parmi les électeurs –, intitulée « La Russie du futur » et se réclamant du constitutionnalisme.

Le maintien d’une offre politique partisane et hiérarchisée

Sur les trente-deux organisations partisanes reconnues officiellement, quatorze participent à la campagne pour les élections à la Douma. En plus du filtre administratif que constitue l’enregistrement auprès du ministère de la Justice, l’offre politique est également régulée et réduite par les conditions de participation aux élections. En effet, ont automatiquement le droit de participer aux élections les formations ayant franchi le seuil de représentativité au scrutin de liste lors des législatives précédentes – il s’agit alors de Russie unie et des trois partis de l’opposition parlementaire évoqués plus haut – ou disposant de mandats électifs dans au moins un parlement régional. Elles sont ainsi quatorze au total à pouvoir présenter des listes pour les élections. Il est à noter que seul un parti a essayé de participer au scrutin selon l’autre procédure possible, à savoir la collecte de deux cent mille signatures de soutien, en l’absence de mandat parlementaire. L’Union nationale russe, d’orientation nationale-conservatrice, a tenté sa chance, sans succès, puisque le nombre de signatures valides a finalement été jugé insuffisant par la commission électorale centrale. Les exigences à l’égard des partis souhaitant participer aux élections sont un réel second filtre qui favorise grandement les organisations détenant déjà des mandats électifs. La seconde procédure, consistant à recueillir un nombre important de signatures, se révèle, en effet, particulièrement lourde logistiquement et incertaine dans la mesure où la commission électorale centrale garde une marge de manœuvre importante en ayant le pouvoir de valider ou non les signatures.

Le retour du système mixte de formation de la Douma – à nouveau en vigueur depuis les législatives de 2016, après une période de désignation des députés exclusivement à la proportionnelle – est une autre réforme politico-institutionnelle qui a marqué la décennie 2010. Menée parallèlement à l’assouplissement de la loi sur les partis, elle a pu laisser croire non seulement à une plus grande fragmentation de l’offre politique, mais aussi à sa diversification institutionnelle en encourageant le retour de candidats sans étiquette, nombreux durant les années 1990, élus dans les circonscriptions majoritaires. Cependant, lors des élections de 2016, seul un candidat est parvenu à l’emporter en tant qu’indépendant. De même, en 2021, sur les cent soixante-quatorze candidats sans étiquette souhaitant participer – en recueillant les signatures d’au moins 3 % du nombre d’électeurs enregistrés dans la circonscription concernée – seuls onze ont finalement vu leur candidature validée. Parmi les quelques candidats sans étiquette autorisés à prendre part au scrutin, on retrouve pour l’essentiel des figures connues et proches du pouvoir, telles que le député de Russie unie Vladislav Reznik ou l’acteur Dmitri Pevtsov.

Enfin, un grand nombre de candidats de l’opposition libérale-démocrate et proches d’Alexeï Navalny ont été dans l’impossibilité de participer aux élections, certains parce qu’ils ont été arrêtés, frappés d’inéligibilité, poursuivis par la justice. Le positionnement face à Navalny, ses partisans ou encore la stratégie du vote intelligent, a provoqué par ailleurs des controverses au sein de Iabloko. Ainsi, tandis que Grigori Iavlinski affirmait au mois de juin 2021 que le programme de Iabloko différait de celui de Navalny et qu’il n’appelait donc pas ses partisans à voter pour Iabloko ni ses candidats à tenter d’être présents sur sa liste électorale, Sergueï Mitrokhine, à l’inverse, préférait souligner les convergences et appelait les sympathisants de Navalny à soutenir Iabloko.
Malgré les événements spectaculaires de la période 2020-2021, c’est sous le signe de la stabilité et du statu quo que se préparent les élections pour la huitième législature de la Douma. En 2016, nous l’avons dit, Russie unie était parvenue à obtenir le résultat record de plus des trois quarts des sièges avec seulement 25 % des voix de l’ensemble des citoyens inscrits, et ce grâce à une participation elle aussi exceptionnellement basse. L’éparpillement des voix en faveur d’une opposition à nouveau très fragmentée et le retour du scrutin majoritaire pour la moitié des mandats à pourvoir avaient également contribué à cette situation, démontrant le rôle crucial joué par le contrôle de l’offre politique, via les ajustements apportés à la législation électorale. En 2021, l’offre politique russe demeure pour l’essentiel partisane, les candidats indépendants restant très peu nombreux, et surtout, dans la très grande majorité des cas, proches du pouvoir.

Malgré les assouplissements apportés, à l’initiative de Dmitri Medvedev, dès le mouvement de protestation de l’hiver 2012, la multiplication du nombre de partis n’a pas fondamentalement changé la hiérarchie mise en place au milieu des années 2000. Le parti du pouvoir, Russie unie, est toujours ultra-dominant, tandis que l’opposition parlementaire bénéficie d’un certain soutien de la part des autorités, afin de garantir une représentation minimale à tous les échelons du pouvoir. L’opposition dite « hors système » reste marginalisée, même si certaines formations ont obtenu une existence juridique en pouvant désormais être enregistrées officiellement comme partis. Un nombre encore plus réduit de ces partis a également acquis, via une faible représentation la plupart du temps en région, la possibilité formelle de présenter des candidats aux élections. Les forces politiques les plus fermement opposées au régime de Poutine, comme l’organisation de Navalny, sont cependant exclues de toute participation institutionnelle aux élections. Enfin, si l’assouplissement de la législation sur les organisations partisanes avait occasionné une hausse rapide du nombre de partis enregistrés –

soixante-quinze en 2013 –, la tendance est actuellement inverse. Aucun nouveau parti n’a été créé entre 2017 et 2019 et une seule nouvelle organisation partisane a été enregistrée en 2021. En revanche, le nombre de liquidations ne cesse d’augmenter pour atteindre le nombre de seize sur l’année 2020. L’un des motifs les plus fréquents est l’absence de participation à des scrutins durant les sept dernières années. Après l’hyper-fragmentation du milieu des années 2010, et sachant les contraintes pesant sur les organisations qui souhaitent participer aux élections, la tendance semble donc à nouveau être à la réduction de l’offre politique, même si celle-ci s’annonce moins drastique que durant la décennie 2000.

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1. Centre Levada, « Elektoralnyïé reïtingui partiï » [« Cote de popularité des partis »], publié le 11 mars 2021, en ligne : https://www.levada.ru/2021/03/11/elektoralnye-rejtingi-partij-5/ (consulté en août 2021).

2. Centre Levada, « Obraz parlamentskikh partiï v obchtchestvennom soznanii » [« L’image des partis parlementaires auprès de l’opinion publique »], publié le 28 avril 2021, en ligne : https://www.levada.ru/2021/04/28/obraz-parlamentskih-partij-v-obshhestvennom-soznanii/ (consulté en août 2021).

3. Le 22 février 2021, le parti Russie juste a fusionné avec deux autres organisations : le parti Patriotes de Russie et Pour la vérité, créé en 2020 par l’écrivain et ancien représentant du Parti national-bolchevique, Zakhar Prilepine. Sa dénomination officielle devient donc « Russie juste – Patriotes – Pour la vérité », raccourci en Russie Juste-pour la Vérité.

4. Centre Levada, « Elektoralnyïé reïtingui partiï », op. cit.

5. Centre Levada, « Obraz parlamentskikh partiï v obchtchestvennom soznanii », op. cit.